25
millions d’euros en moins pour UNITAID : les associations dénoncent une
baisse historique de la contribution de la France à la lutte mondiale contre le
sida et les grandes pandémies
Nous,
associations de lutte contre le sida et pour la santé globale, sommes en
colère.
Dans
un courrier en date du 8 décembre 2014, le Ministère des Affaires étrangères a
officialisé une baisse de 25% de la contribution annuelle de la France à
UNITAID, leader mondial de la baisse des prix des médicaments et de la prise en
charge des enfants séropositifs.
Cette
décision n’a pas fait l’objet d’une annonce en fanfare, et pour cause : elle
signe un revers historique dans la bataille mondiale contre le sida, et le
sacrifice de centaines de milliers de vies sous prétexte d’austérité
budgétaire.
C’est
en effet la première fois depuis l’apparition du virus du sida qu’un
gouvernement décide de baisser la contribution de la France à la lutte mondiale
contre l’une des pandémies les plus mortelles de l’histoire de l’humanité. 40
millions de morts en 30 ans selon l’ONU.
Et
ce en avançant un faux prétexte : celui de la rigueur budgétaire. Depuis
plusieurs années, les ONG se mobilisent pour augmenter les marges de manœuvre
budgétaires de la France contre le sida, via les financements innovants comme la
taxe sur les billets d’avion et la taxe sur les transactions
financières.
Deux
dispositifs qui lèvent aujourd’hui plus d’un milliard d’euros de recettes
fiscales supplémentaires par an pour la France. Sur les recettes de la taxe
avion, spécialement créée pour financer UNITAID, seuls 110 millions d’euros
devaient revenir cette année à la lutte contre les pandémies. Une portion
congrue qui sera encore réduite de 25 millions d'euros dès 2014. 25 millions
d’euros par an : une goutte d’eau dans le budget annuel, le prix des traitements
de 200.000 enfants séropositifs.
Cette
décision est d’autant plus incompréhensible que la communauté internationale est
à un tournant dans la lutte contre l’épidémie : si des efforts massifs sont
consentis dans les 5 prochaines années, la fin du sida est possible en 2030 –
sinon, l’épidémie rebondira encore plus fort – et coûtera encore plus
cher.
Alors que la
crise Ebola montre l’indispensable mobilisation de l’ensemble des acteurs de la
communauté internationale pour renforcer la santé dans les pays pauvres, et que
les marges de manœuvre budgétaires existent pour augmenter les efforts, il est
inconcevable que le gouvernement rogne dans des financements à l’impact
sanitaire majeur.
Les
gouvernements précédents l’avaient compris, ils avaient tous contribué à
augmenter les efforts de la France dans le combat contre une épidémie globale.
Dernier exemple en date, Nicolas Sarkozy qui avait augmenté de 20% la
contribution de la France au Fonds mondial de lutte contre le sida, la
tuberculose et le paludisme.
Le
Président François Hollande s’est pour le moment contenté d’envoyer le
1er décembre (journée mondiale de lutte contre le sida) un message
d’espoir et de soutien aux malades du sida du monde entier, avant, 8 jours plus
tard, de laisser le Ministère des Affaires étrangères priver 200.000 d’entre eux
de traitements vitaux.
Les
ONG rappellent aujourd'hui à François Hollande qu’il est encore temps de revenir
sur cette décision extrêmement grave.
Contacts presse :
Francis Gionti, Sidaction – f.gionti@sidaction.org