Comment anticiper le futur de l’innovation pour être bien soignés en 2030 ?
Le Leem publie son analyse prospective pour relever les défis de la santé de demain
Jumeau digital pour tester les médicaments virtuellement avant de les prescrire à chaque patient, carte génétique de la tumeur en quelques secondes avant d’entrer dans le bureau du cancérologue, analyse de chaque cellule par l’intelligence artificielle… Lorsqu’on imagine la façon dont nous serons soignés en 2030, les images sont séduisantes. Sont-elles très éloignées de ce que sera la réalité ? Et comment adapter notre système de santé pour intégrer ces innovations ?
Pour le savoir, plus de 30 experts de renom ont apporté leur vision sur le nouveau monde de la santé qui émerge : un monde plus performant, certes, mais aussi plus complexe, plus connecté dans lequel la France globalement et les industriels du médicament en particulier, doivent se frayer un chemin pour donner à chaque patient la chance d’accéder aux meilleurs soins, mais aussi pour permettre à chacun de se prémunir contre la maladie.
Un exercice prospectif de grande ampleur « Santé 2030 » conduit par le Leem avec le think tank Futuribles, qui permet de présager des transformations majeures induites par l’accélération des innovations, non seulement dans les techniques utilisées pour nous soigner mais aussi dans l’organisation même du système de santé et dans la façon d’appréhender la santé et les soins dans notre société.
Des révolutions annoncées
En 2030, le visage de la France sera foncièrement différent : elle devrait être peuplée de 70 millions d’habitants, dont 80 % vivront en zone urbaine. Les plus de 65 ans représenteront un quart de la population et souffriront en moyenne de 4 à 6[1] pathologies. Notre système de soins devra accompagner et prendre en charge 1,4 à 1,7 million de personnes âgées dépendantes, et gérer une augmentation probable de 50 % du nombre de patients en ALD (affection longue durée) par rapport à aujourd’hui.
« Au moment où le gouvernement engage la transformation de notre système au travers du plan « Ma santé 2022 », ce travail prospectif montre que demain l’on guérira de plus en plus souvent des maladies chroniques et que l’on chronicisera des maladies mortelles. C’est tout l’enjeu transformationnel majeur de notre système de santé», affirme Philippe Lamoureux, Directeur Général du Leem .
Comment adapter le système de santé à ces révolutions majeures ?
Afin d’apporter des éléments de réponse, les experts de « Santé 2030 » ont pris en compte à la fois les progrès et besoins médicaux, les grands défis environnementaux, les évolutions sociétales et les bouleversements technologiques en cours. Ils ont structuré leurs réflexions autour de 12 grandes pathologies et 14 vecteurs d’innovation qui vont, selon eux, façonner les progrès de la recherche et du diagnostic.
Guérir les cancers et les maladies neurodégénératives : deux priorités des Français en 2030
Pour les Français, selon un sondage réalisé par le Leem en août 2018, guérir du cancer et de la maladie d’Alzheimer sont les deux priorités pour 2030. En France, en effet, 400 000 cancers sont diagnostiqués chaque année et sont responsables de 161 000 décès. La maladie d’Alzheimer touche, quant à elle, aujourd’hui 900 000 personnes.
Au plan thérapeutique, la situation devrait évoluer favorablement. 2030 verra de nouveaux traitements et de nouvelles combinaisons de traitements issus des quelque 3 463[2] essais cliniques en cours dans le champ du cancer et des 129 essais dans le domaine des maladies neurodégénératives. Même dans l’hypothèse où seul un dixième de ces développements conduirait effectivement à un nouveau médicament disponible pour les patients, le rythme et le nombre des innovations seront exceptionnels dans les prochaines années.
Déjà aujourd’hui dans le traitement des cancers, les immunothérapies peuvent soigner certains cancers métastatiques (mélanome, poumon) et parvenir à des rémissions jusqu’alors inimaginables. De leur côté, les cellules CAR-T s’avèrent efficaces dans le traitement des lymphomes et des leucémies aiguës lymphoblastiques … Cela ne va pas s’arrêter là.
A l’instar de ces deux pathologies, les experts ont réalisé l’exercice prospectif sur 10 autres pathologies majeures. D’ici 2030, un flux continu d’innovations dans le champ du médicament, des dispositifs médicaux et des technologies révolutionnera le pronostic de maladies redoutables. Les premiers médicaments contre la Nash (maladie du foie gras humain) sont attendus, les premières thérapies cellulaires contre la DMLA dans la vision, de plus en plus de thérapies géniques dans le champ des maladies rares, les traitements sur mesure pour enrayer la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, peut-être le premier vaccin contre le Sida…
Afin d’accueillir dans les meilleures conditions, les futures avancées thérapeutiques qui s’annoncent, le système de santé devra se transformer en profondeur et dans toutes ses composantes : parcours, partenariats, évaluation, financement, métiers… sans négliger les aspirations du patient et de l’usager du système de santé à plus de qualité et à une prise en compte personnalisée de sa santé. Nourri des mesures de son smartphone, de ses informations génétiques et de ses données médicales, le patient de demain - comme l’usager du système de santé - s’attendra à toujours plus de précision, voire l’exigera.
L’analyse « Santé 2030 » du Leem permet de préciser les enjeux de cette transformation, d‘en définir les jalons, les obstacles à franchir et surtout les chantiers à ouvrir pour que la France s’inscrive dans la santé du futur.
Pour permettre un accès durable et équitable des patients aux traitements
et aux solutions de santé de demain, l’étude du Leem a mis en exergue dix transformations :
Permettre l’accès le plus précoce possible des patients à l’innovation en adoptant une approche plus individualisée de la recherche clinique
Mieux anticiper l'arrivée des innovations pour permettre l’adaptation la plus efficace du système de soins,
Transformer les mécanismes d’évaluation et gagner en efficacité administrative pour permettre aux patients d’accéder plus vite aux traitements innovants,
Mener la bataille de l’efficience indispensable à la pérennité du système de santé,
Mesurer la qualité et prendre en compte le retour des patients pour mieux les soigner,
Diversifier les mécanismes de fixation des prix des médicaments innovants pour s ’adapter aux profils des innovations et pour concilier accès et efficience
Créer le modèle du «médicament service» pour placer le patient au cœur du système de santé,
Réussir le mariage entre données de santé et intelligence artificielle pour améliorer la qualité du diagnostic et des soins,
Mettre les technologies de rupture au service de la production des médicaments
innovants issus du vivant pour préserver l’indépendance sanitaire française,
Placer les questionnements éthiques au cœur de l’innovation pour concilier enjeux de recherche et interrogations de la société.
« Ces chantiers sont les briques nécessaires à la transformation du système de santé, conclut Philippe Lamoureux. C’est le grand message de ce travail prospectif : montrer à quel point l’innovation thérapeutique va impacter l’organisation des soins et combien il est urgent de transformer le système de santé. En effet, cette vague de progrès thérapeutique, source d’espoir pour les patients, est un révélateur des rigidités structurelles de notre système de santé et des difficultés actuelles à absorber ces innovations. Nous avons encore le choix : subir ou choisir la révolution thérapeutique. Mais le plus grand défi que nous devrons relever d’ici 2030, c’est de piloter avec tous les acteurs de l’écosystème - chercheurs, cliniciens, autorités de santé, patients, médecins, pharmaciens, industriels et start-up - la mutation du système de santé vers plus d’efficience, de qualité et surtout d’égalité d’accès aux traitements innovants. Ce ne sera plus au patient de s’adapter au système de santé mais au système de s’adapter au patient. ».
L’analyse prospective Santé 2030 est disponible et téléchargeable sur www.leem.org
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