L'élevage pris en otage par les
margoulins
Après la viande de cheval dans les lasagnes de l'affaire Spanghero du début
de l'année, la viande mise en cause aujourd'hui dans le Sud de la France à
Narbonne, son origine et sa traçabilité pourraient être plus préoccupantes car
les prolongements pourraient être d'ordre sanitaire.
En effet, cette viande serait susceptible de provenir de chevaux ayant été
utilisés dans le cadre de programmes scientifiques ou issus d'animaux traités
aux antibiotiques.
Pour José Bové - Député européen
- Vice-Président de la Commission de l'agriculture et du développement rural
"Le nombre de vétérinaires
en charge du contrôle des abattoirs est en chute libre. En 2004, on en comptait
1650, il n'y en a plus que 1400 aujourd'hui. Les conséquences sont immédiates.
Les possibilités de fraudes se multiplient. Le manque de scrupules d'une poignée
d'escrocs jettent le discrédit sur l'ensemble de la filière animale. La dernière
crise a entrainé la fermeture d'abattoirs, et de nombreux licenciements.
Combien de personnes vont se retrouver sans emploi cette fois-ci ? Les répercussions
vont bien au-delà du secteur chevalin. Les consommateurs n'ont plus confiance
dans la viande. Ils attendent toujours de l'UE une traçabilité sans faille
aussi bien pour la viande que pour les plats cuisinés.. Les producteurs sont également frappés. Ils éprouvent de plus
en plus de difficulté à écouler leurs animaux à un prix couvrant leurs coûts de
production.
Au cours de ces quinze dernières
années, la restructuration de la filière d'abattage a entraîné la disparition
de très nombreux petits abattoirs de proximité dont la plupart arrivaient
pourtant à répondre aux normes sanitaires européennes. La course au gigantisme
des abattoirs notamment liés aux plus grandes entreprises de l'agro-industrie,
doit être stoppée. Ces usines où les conditions de travail sont extrêmement éprouvantes
doivent être démantelées progressivement pour ré-installer des abattoirs de
proximité, plus faciles à contrôler, plus proches des paysans et des
consommateurs.
Le nombre de vétérinaires doit être augmenté pour qu'ils soient en mesure
d'effectuer correctement leur mission et assurer la sécurité alimentaire de
millions de consommateurs. Sans une amélioration des conditions de contrôle
sanitaire, c'est l'ensemble de l'élevage français qui courent le risque d'être
mis à l'index dans les autres pays de l'Union européenne."