Nora ANSELL-SALLES

lundi 2 décembre 2013

ADF 2013 - Le désengagement de l’Assurance-Maladie dans le dentaire n’est-il pas l’avènement d’une médecine à deux vitesses ?


Les dents et la bouche sont des indicateurs de bonne santé. Et pourtant, les soins dentaires prothétiques sont de plus en plus sacrifiés. Ce renoncement concernerait près de 10 % des assurés sociaux, regrette Didier Tabuteau, responsable de la Chaire Santé de Sciences Po, dans son dernier ouvrage «Démocratie Sanitaire, Les nouveaux défis de la politique de santé » (Odile Jacob, sept.2013).

 

A l’occasion de son Congrès annuel, sur le thème "Affirmons nos compétences", l’ADF lance donc une alerte sur les conséquences de ce renoncement aux soins dentaires, désastreuses sur la santé des patients. La sphère bucco-dentaire représente, en effet, la porte d’entrée des bactéries et le signal de nombreuses maladies graves comme le cancer de la bouche, le diabète, les maladies cardiovasculaires. L’absence de ces soins peut donc s’avérer critique pour la santé générale des patients.

 

Le chirurgien-dentiste, un acteur essentiel dans le parcours de soin

Médecin de la bouche à part entière, le chirurgien-dentiste tient un rôle médical incontournable en santé publique. Ce docteur en chirurgie dentaire sait voir au-delà des caries. Il inspecte bien sûr les dents, mais également la bouche, les maxillaires, les tissus attenants,... pour détecter les maladies parodontales, les cancers bucco-dentaires, les troubles du comportement alimentaire, du stress, les interférences éventuelles avec les maladies cardiaques et le diabète,... Au même titre que les autres professions médicales, c’est un acteur essentiel du parcours de soins des patients.

 

L’ADF rappelle sa place au sein de la médecine de parcours, particulièrement ancrée dans l’actualité et qui constitue la pierre angulaire de la stratégie nationale de Santé du Ministre des Affaires sociales et de la santé. La médecine de parcours anticipe les prochaines années, où plusieurs millions de personnes vivront 30 ou 40 ans avec des maladies chroniques.

 

Le désengagement de l’Assurance-Maladie : l’avènement d’une médecine à deux vitesses

La question du remboursement des soins dentaires menacé par un désengagement progressif de l’Assurance Maladie alors que les assurances complémentaires sont appelées à prendre le relais, se place au coeur de la réflexion de la profession.

 

Outre les dangers sur la santé des patients, l’ADF s’interroge sur les coûts induits pour la collectivité, sur l’accroissement du reste à charge pour les patients, sur la sécurité et la qualité des soins alors que certains patients ont un accès désormais limité aux soins « high tech » et donc, sur les risques d’une médecine dentaire à deux vitesses.

 

CHIFFRES-CLES
Près de 41 000 chirurgiensdentistes en exercice
36 900 chirurgiens-dentistes en libéral soit 90 % (source CNO)
38,3 % des femmes (source CNO)

 

La démographie des chirurgiens-dentistes : un enjeu crucial pour la profession et la santé des Français

Des changements extrêmement pragmatiques doivent s’opérer : la répartition des professionnels de santé sur le territoire, la tarification des actes de prévention et d’éducation thérapeutique et l’apparition de nouveaux métiers ainsi que de nouvelles compétences. Les professions médicales sont engagées dans une réorganisation et une collaboration interprofessionnelle.  Le numerus clausus, l’installation des nouveaux diplômés venus de l’étranger, la formation au travail interdisciplinaire sont autant d’enjeux majeurs pour l’avenir des chirurgiens-dentistes.

 

A propos de l’Association dentaire française
Rassemblant 26 organismes professionnels, l’Association dentaire française (ADF) a su s’imposer depuis 40 ans comme le fédérateur de toute une profession. L’ADF constitue une force de représentation de tout premier plan, qui noue un dialogue permanent avec les principaux partenaires de la profession dentaire : pouvoirs publics, Conseil national de l’ordre des chirurgiensdentistes, responsables hospitaliers et universitaires, fabricants de matériels, médecins, pharmaciens. Terrain privilégié de rencontre et de concertation, l'ADF constitue un laboratoire d’idées, une force de proposition dans les domaines du progrès scientifique, de la qualité des produits et des équipements, du service et de la relation avec les patients, de la prévention et de la formation continue.
 
Grand rassemblement annuel dédié à la médecine bucco-dentaire, le Congrès annuel de l’ADF est devenu l‘une des plus importantes manifestations internationales, associant programme scientifique de haut niveau, exposition et formation. Dans l’édition 2013,115 séances, dispensées par 600 conférenciers, couvrent cette année tout le spectre de la discipline. Premier dans son domaine au niveau européen, le Congrès de l’ADF 2013 s’internationalise également. 14 séances seront traduites en simultané et de nombreux experts de renommée internationale seront invités à y présenter leurs travaux. Près de 25 000 praticiens sont attendus à l’édition 2013.

 

I- Les dernières données de la profession dentaire1

Une consommation des soins dentaires au ralenti

La crise conditionne les dépenses de soins, leur report ou leur renoncement. En 2012, la consommation de soins dentaires s’élève à 10,5 milliards d’euros, en hausse de 2,2 % en valeur par rapport à 2011, et de 1,3 % en volume. Après avoir fortement augmenté au début des années 2000, la croissance a tendance à ralentir depuis 20054. Si les dépenses de soins dentaires représentent 5,72 % de la consommation de soins et biens médicaux, elles ne pèsent que pour 2,38 % des dépenses de l’Assurance Maladie obligatoire2.

Un secteur innovant et performant qui n’hésite pas à investir

Le secteur dentaire s’illustre par sa recherche innovante, son savoir-faire dans la fabrication et l’utilisation des technologies de pointe, son adaptabilité aux contraintes techniques liées à la sphère buccale et aux exigences règlementaires de plus en plus drastiques. Il compte en France près de 41 000 chirurgiens-dentistes et un peu moins de 4 000 laboratoires de prothèses.

 

Au 1er janvier 2013, 21 981 chirurgiens-dentistes employaient 44 844 salariés3. 61,7 % des dentistes en activité sont des hommes mais la féminisation se poursuit avec une majorité de femmes parmi les nouveaux entrants dans la profession en France. On compte notamment chez les moins de 30 ans, 59,1 % de femmes4. Compte tenu de la performance des innovations dans ce secteur (matériels de plus en plus sophistiqués et de plus en plus onéreux) les dentistes actualisent régulièrement leurs connaissances et investissent leur capital.

 

Les chirurgiens-dentistes représentent en effet la profession médicale qui se forme le plus. Ainsi les praticiens libéraux ont-ils participé à 62 070 journées de formation (sources CNFCO – 2010), et près de 8 000 professionnels ont assisté aux 115 séances de formation proposées lors du congrès ADF 2012.

 

Docteurs en chirurgie dentaire, les dentistes doivent suivre une longue formation avant d’exercer en cabinet. Cette discipline comprend trois spécialités : l’orthopédie dento-faciale (ODF), la médecine bucco-dentaire (MBD) et la chirurgie orale (CO). Depuis la mise en place d’une année supplémentaire (en 1995-1996), leurs études d’odontologie s’étalent sur 6 ans pour les étudiants qui empruntent le cycle normal et sur 8 ans pour ceux qui accèdent, via l’internat, au cycle long. A la fin de leur cursus, tous ces étudiants doivent soutenir leur thèse pour obtenir le diplôme d’Etat de docteur en odontologie.

 

1 Les dernières données de la profession dentaire issues du rapport socio-économique de la branche dentaire (édition 2013 de la Confédération Nationale des Syndicats dentaires

2 Comptes Nationaux de la Santé (CNS))

3 AG2R-La Mondiale (2010)

4 DREES

 

Un numerus clausus qui doit s’adapter aux nouveaux besoins de la population

Contrepartie de l’importance de la qualité des soins dentaires dans le niveau de santé général de la population française, la profession s’avère très réglementée. Un numérus clausus spécifique, limitant le nombre de nouveaux diplômés en odontologie, est fixé chaque année par arrêt du Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche et du Ministère de la santé. Il s’établit à 1200 pour l’année 20135 stable par rapport à 2012.

 

L'évolution du numérus clausus depuis 2007 (de 977 à 1200) (voir tableau en annexe 1) s’est conjuguée à une baisse notable des effectifs de la profession de chirurgiens-dentistes en 2011 (en dessous de ceux de l’année 2000)6 alors que de nouveaux besoins en soins dentaires apparaissent de par le vieillissement de la population française et l’augmentation des maladies chroniques comme le diabète et ce même si la prévention bucco-dentaire a permis une baisse considérable du nombre de caries (division par 3 en 30 ans).

 

Les conséquences de l’arrivée des praticiens étrangers et des praticiens français formés dans les pays de l'UE sur l’équilibre démographique de la profession

Dans l’Hexagone, 90 % des chirurgiens-dentistes français (Métropole + DOM) exercent leur activité en libéral7. Cette liberté d’exercice attire les chirurgiens-dentistes venant de l’étranger.

 

Sur les nouvelles inscriptions au tableau de l’ordre en 2012, 3,5 diplômés étrangers sont comptabilisés pour 10 diplômés français, selon le Conseil National de l’Ordre des chirurgiensdentistes. En effet, si 963 praticiens sont passés par le numerus clausus français, 364 diplômés étrangers venaient essentiellement de Roumanie (au nombre de 182, soit 3 fois plus qu’en 2010), d’Espagne, de Belgique et du Portugal. Des praticiens dont la formation diffère toutefois sensiblement de celles des diplômés français.

 

Selon le dernier rapport socio-économique de la branche dentaire (édition 2013 de la Confédération nationale des syndicats dentaires), l’apport des praticiens étrangers surtout européens, comblerait, semble-t-il, les besoins lié à la limitation du nombre de diplômes ainsi que l’allongement de la durée de leur exercice. L’ADF se demande toutefois jusqu’à quand se prolongera cet équilibre instable et quelles en sont les conséquences ?

 

Désert médical et accès aux soins dentaires

Leurs diplômes obtenus, les chirurgiens-dentistes s’implantent d’avantage dans les régions les plus peuplées. Dans un contexte de libre installation sur le territoire national, les écarts de densité entre le Nord et le Sud de l’Hexagone se creusent. Fin 2011, la densité moyenne de chirurgiens-dentistes est ressortie à 63,4 pour 100 000 habitants. Mais elle est supérieure à 73 pour 100 000 dans le sud de la France (PACA et Corse), en Île-de- France et en Alsace, tandis qu’elle n’atteint que 39 pour 100 000 en Haute-Normandie et en Picardie. De même, un chirurgien-dentiste sur deux est installé dans une agglomération de plus de 200 000 habitants ; a contrario, seuls 6,3 % des praticiens exercent dans les zones rurales.

 

5 Conseil National de l’Ordre des chirurgiens-dentistes (CNO)

6 Source : les dernières données de la profession dentaire issues du rapport socio-économique de la branche dentaire (édition 2013 de la Confédération Nationale des Syndicats dentaires

7 Source Conseil National de l’Ordre des chirurgiens-dentistes (CNO)

 8 Sources : Drees, Comptes de la santé 2011

 

Dans le domaine des soins dentaires, le désert médical semble être devenu une réalité. Tout en relativisant car 99% de la population est à moins de 10 kms d’un cabinet dentaire. L’ADF met en avant l’importance de la répartition géographique. Elle s’interroge : comment peut-il y avoir « continuité des soins » en dessous d’un certain nombre de chirurgiens-dentistes ?

 

 

II- Le remboursement des soins dentaires en question : les risques d’une privatisation des soins

Malgré sa contraction en 2012, le déficit de la branche maladie de la Sécurité Sociale reste abyssal. Ainsi est-il ressorti à 5,85 milliards d’euros, à comparer à un résultat négatif de 8,6 milliards en 2011. Malgré une progression modérée des prestations nettes (+3,3 %) l’an dernier, le système semble à bout de souffle. Pour le financer, les complémentaires santé sont de plus en plus sollicitées. Une contribution croissante qui devrait permettre de compenser les difficultés d’accès aux soins.

 

Les assurances santé viennent donc prendre le relais de l’Assurance Maladie. Mais l’ADF se demande si cette « privatisation » ne risque pas de nuire à la qualité des soins, en instaurant une médecine dentaire à deux vitesses.

 

Des soins dentaires parfois sacrifiés

La crise a creusé les inégalités dans l’accès aux soins. C'est ce que révèlent les résultats du septième Baromètre Santé & Société mené par Europ Assistance et le CSA. Ainsi, cette enquête montre que 33% des Français interrogés disent avoir renoncé ou reporté des soins médicaux pour des raisons financières en 2013. Une proportion en augmentation par rapport à l'année précédente (+6 points). La France se distingue d’ailleurs par son niveau élevé de renoncement. Les femmes sont particulièrement concernées (41%, contre 23% des hommes) de même que les 18-39 ans (40%, contre 22% des 60 ans et plus). Et ce sont les soins dentaires qui ont été les plus sacrifiés (25%) devant les lunettes (17 %) (Quand on parle soins dentaires, il s’agit évidemment de prothèse) Le non recours aux soins dentaires pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la santé des patients en général et augmenter le coût économique, à terme, pour la collectivité. La sphère buccodentaire représente, en effet, la porte d’entrée ou le signal de nombreuses maladies graves comme le cancer de la bouche, le diabète ou encore les maladies cardio-vasculaires. Son examen régulier peut contribuer à améliorer le diagnostic précoce de ces pathologies et ainsi, de sauver ou prolonger la vie de patients.

 

Le désengagement de la sécurité sociale et l’entrée en scène des complémentaires santé

Dans un contexte de maîtrise des dépenses de santé, les prestations de la branche maladie de la Sécurité Sociale progressent lentement, à un rythme toutefois moins élevé que le coût de soins dentaires. En effet, la part de la sécurité sociale dans la prise en charge de l’ensemble des soins dentaires tombe de 35,5 % en 2000 à 32,14 % en 20119. Ainsi, les organismes complémentaires dont la contribution grimpe de 32,14 % à 38,3 % viennent prendre partiellement le relais. Cette évolution allège le reste à charge des ménages en venant combler le désengagement de l’Assurance Maladie, dont les organismes complémentaires viennent prendre le relais.

 

9 Comptes nationaux de Santé de 2000 à 2011


Dans ce contexte de désengagement progressif de l’Assurance Maladie, l’ADF se demande comment assurer des soins de qualité lorsque les cabinets dentaires sont en difficulté (investissement en matériel innovant, hausse des taxes, coût du personnel, contraintes administratives …). Alors même que la Sécurité sociale n'a pas augmenté ses tarifs de remboursement sur les actes dentaires de base (carie, dévitalisation, détartrage...) depuis plusieurs années et que les prises en charge des soins prothétiques et orthodontiques sont bloquées depuis 1988. Didier Tabuteau reconnaît d’ailleurs dans son dernier ouvrage «Démocratie Sanitaire, les nouveaux défis de la politique de santé » que « le retour à des tarifs opposables, c'est-à-dire fixés par la Sécurité sociale et respectée par les praticiens, ne peut toutefois être envisagé sans une revalorisation des tarifs obsolètes… ».

 

La règle des 1/3,1/3,1/3 (Assurance Maladie, assurances complémentaires santé, assurés) n’est donc plus à l’ordre du jour dans le secteur bucco-dentaire.

 

L’essor des complémentaires santé, la question du reste à charge et les répercussions pour le secteur dentaire

Les chirurgiens-dentistes se montrent particulièrement concernés par la réforme dédiée au financement complémentaire pour les salariés. En effet, l'accord sur la sécurisation de l'emploi, conclu le 11 janvier 2013, a institué une obligation pour les entreprises de mettre en place une complémentaire santé pour leur personnel avec des garanties minimales. Il s’agit de la création d’une sorte de service minimum de couverture complémentaire santé. Cet essor des complémentaires santé va toutefois aller de pair avec l’accroissement du reste à charge. Il sera, en effet, proposé aux quelques 25 % de salariés du privé qui ne disposent pas d'une mutuelle d'entreprise, une couverture correspondant à un panier de soins minimal. Son coût irait d'une vingtaine à une trentaine d'euros par salarié et par mois (hors couverture du conjoint et de la famille). Or, plus de 3 millions de salariés seraient concernés, dont 400.000 ne bénéficient aujourd'hui d'aucune mutuelle santé. L’Etat renforce donc son pouvoir de régulation tout en diminuant son effort financier. Il fixe par là même des règles au secteur assurantiel privé qui lui-même les répercutera aux praticiens.

 

L’évolution de la relation dentistes/assureurs et ses conséquences pour la qualité des soins

A nouveau contexte, nouvelles forces en présence. La montée en puissance des assurances complémentaires santé dans le financement des soins dentaires va modifier les relations avec les chirurgiens-dentistes. En effet, leur poids s’avère non négligeable : les organismes complémentaires d'Assurance Maladie ont couvert en 2011 13,7% de la consommation de soins et de biens médicaux, contre 13,5% en 201010. Leur financement a atteint 24,6 milliards d'euros en 2011. Or l’Assurance Maladie complémentaire couvre très partiellement les compléments d’honoraires et très rarement les actes ignorés par l’Assurance Maladie Obligatoire. Une meilleure connaissance des soins prodigués par les chirurgiens-dentistes s’avère crucial pour maintenir une haute qualité des soins.

 

L’accord conclu récemment entre l’Assurance maladie, l’UNOCAM qui regroupe les opérateurs en Assurance Maladie complémentaire, qu'il s'agisse des mutuelles, des entreprises d'assurances, des institutions de prévoyance ou du régime local d'Alsace-Moselle, et la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), va dans ce sens.

 

10 Comptes nationaux de la santé, Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, 14 décembre 2012.

 

En effet, le 17 juillet 2013, les trois parties ont signé l’avenant n° 3 à la convention nationale des chirurgiens-dentistes (conclue les 11 et 19 mai 2006 et publiée au Journal officiel du 18 juin 2006). Cet accord confirme l’entrée des assureurs complémentaires dans le cadre conventionnel tripartite. La mise en œuvre de cet avenant, prévue au cours de l’été 2014, va permettre l’entrée en vigueur de la classification commune des actes médicaux, le 1er juin de l’année prochaine, et donc la codification à la bonne nomenclature pour les dentistes.

En outre, l’UNOCAM et la CNSD se sont entendues sur une charte de bonnes pratiques régissant les relations entre les chirurgiens-dentistes et les organismes complémentaires d’Assurance Maladie. A la suite de cette entente, la première commission de suivi de la charte se réunira le 28 novembre prochain.

 

Enfin, l’Union nationale des caisses d’Assurance maladie et l’UNOCAM sont désormais d’accord pour soumettre à la CNIL une liste de 16 codes de regroupement d’actes pour la transmission par les caisses d’assurance maladie obligatoire des informations nécessaires à la liquidation des prestations par les organismes complémentaires d’assurance maladie. Il s’agit, en effet, de déterminer les données de remboursement transmises par les caisses d’assurance maladie aux organismes complémentaires d’assurance maladie dans les flux NOEMIE.

 

Cette amélioration de la connaissance à venir de l’activité des chirurgiens-dentistes représente, en effet, un préalable, à la réforme structurelle du secteur dentaire. L’avenant n°3 contribuera également à aider les organismes complémentaires à mieux connaître les actes et les soins, donc à mieux les rembourser. Dans l’ensemble, cet accord constitue une avancée pour le patient et pour l’ensemble de ceux qui participent à la rémunération des chirurgiens-dentistes.

 

Conclusion

Afin de soutenir la profession, l’ADF sollicite auprès des pouvoirs publics une revalorisation des soins en chirurgie dentaire - les moins chers d’Europe -, afin de prendre en compte les évolutions du métier, notamment la haute technologie des plateaux techniques et les exigences de qualité et de sécurité. Les frais de fonctionnement représentent aujourd'hui 70% du chiffre d'affaires d'un cabinet alors qu'ils ne ressortaient qu’à 30% il y a trente ans.

 

La mise en place de la future Classification commune des actes médicaux (CCAM), actée lors de la signature du dernier avenant conventionnel, permettra, en tous cas, de libeller tous les actes délivrés par le chirurgien-dentiste. Par la suite, une prise en compte financière par les pouvoirs publics s’avèrera indispensable.

MINE D'INFOS: La bataille contre les caries de l’enfant n’est pa...

MINE D'INFOS: La bataille contre les caries de l’enfant n’est pa...: D’après un entretien avec le Dr Patrick Rouas/ Maître de Conférences à l’Université Bordeaux Ségalen, Praticien Hospitalier au CHU de Bo...

La bataille contre les caries de l’enfant n’est pas gagnée


D’après un entretien avec le Dr Patrick Rouas/ Maître de Conférences à l’Université Bordeaux Ségalen, Praticien Hospitalier au CHU de Bordeaux, chercheur permanent, au laboratoire PACEA, UMR5199, Université de Bordeaux

 

L’augmentation de la fréquence des caries, et tout particulièrement de la dégradation des premières molaires, est due à celle de la précarité, du surpoids et de l’obésité dont la prévalence chez les enfants de 3 à 17 ans s’élève à près de 18%. La bataille contre les caries de l’enfant n’est donc pas gagnée. Outre les conséquences des problématiques sociales, le mode d’alimentation, le grignotage et les boissons sucrées sont les pires ennemis des dents des enfants. C’est la raison pour laquelle la lutte contre les caries doit se faire dès le plus jeune âge. Celle-ci se prépare pendant la grossesse par une bonne information des mamans, s’entretient avec les doses de fluor adéquates et se gagne avec de bonnes habitudes d’hygiène et une alimentation équilibrée.

 

Décryptage de l’état des connaissances de la femme enceinte sur la santé bucco-dentaire de son futur enfant

 

80% des caries sont constatées chez 20% des enfants ! Ces enfants polycariés sont parfois très jeunes. Leurs caries sont agressives et les traitements sont difficiles. La précarité, l’isolement social, l’éclatement des familles en sont les causes les plus évidentes. Celles-ci ont des conséquences négatives sur l’hygiène bucco-dentaire et l’alimentation. Cette distribution inégale de la maladie carieuse augmente insidieusement année après année malgré les actions sanitaires, les campagnes d’information et d’éducation à la santé buccodentaire conduites de concert par les autorités de santé et la profession dentaire. D’autres facteurs peuvent être responsables des caries de l’enfant notamment la contamination précoce, entre 6 et 18 mois, de la mère à l’enfant qui est le plus souvent méconnue et sur laquelle les chirurgiens -dentistes peuvent agir par une sensibilisation soutenue des femmes pendant leur grossesse.

 

En effet, la grossesse est une période où les femmes peuvent être plus réceptives aux messages d’hygiène bucco-dentaire. Elles sont attentives à tout ce qui va dans le sens d’une meilleure protection de leur futur enfant. Mais que savent-elles vraiment sur ce sujet ?

 

Un décryptage de l’état des connaissances de la femme enceinte sur la santé bucco-dentaire de son futur enfant a été réalisé par les chirurgiens-dentistes. Deux études réalisées entre 2012 et 2013, en collaboration avec le service de maternité du CHU de Bordeaux (en cours de publication dans la presse scientifique internationale) chez la femme enceinte permettent de faire le point sur les connaissances de ces dernières concernant l’éducation à la santé bucco-dentaire de leur futur enfant et de tester le bénéfice d’une plaquette d’information qui serait délivrée à la maternité. Ces études ont été élaborées à partir de questionnaires distribués aux femmes enceintes. Ceux-ci, abordant les différents éléments de la santé bucco-dentaire, ont permis de mettre en évidence les connaissances ainsi que les lacunes. « Ce sont ces lacunes qu’il nous faut combattre en informant ces femmes. Se pose ensuite la question du meilleur moment pour transmettre l’information… en début de grossesse, l’impact serait faible… la fin de grossesse apparait comme le moment idéal » explique le Dr Rouas.

 

 

Que révèlent ces deux études ?

 

A partir des 614 questionnaires analysés :

- 23% des femmes donneront un biberon contenant une substance sucrée pour favoriser l’endormissement de l’enfant (ce comportement se retrouve significativement chez les jeunes mamans et chez les non actives).

- Seulement 33% des femmes enceintes débuteront le brossage des dents de leur enfant à l’âge de 6 mois.

- 22% iront consulter un chirurgien-dentiste au cours de la première année, 53% s’en remettront à l’avis du pédiatre, 21% attendront la première convocation au bilan buccodentaire de la sécurité sociale qui s’effectue seulement à 6 ans, et 4% attendront l’apparition de douleurs…

- 83% des femmes ignorent le caractère transmissible de la maladie carieuse ce qui engendrera des comportements à risque si aisément évitables (gouter la soupe dans la cuillère de l’enfant, nettoyer la tétine de l’enfant avec sa bouche…).

 

« On voit avec ces chiffres qu’il est nécessaire d’informer, de sensibiliser et de motiver les femmes enceintes. Elles ont un rôle essentiel vis à vis de leurs enfants en terme d’hygiène bucco-dentaire. La maternité est le lieu idéal pour atteindre le maximum de femmes et avoir une bonne écoute. Ensuite, il est presque trop tard… Les parents seront occupés par l’arrivée du nouveau-né à la maison et l’aspect bucco-dentaire sera souvent traité de manière secondaire » assure le Dr Rouas.

 

A savoir, quelques informations utiles…aux mamans

_ Dès l’apparition des premières dents, un nettoyage bi-quotidien devrait être réalisé par les parents, d’abord avec des compresses puis au fur et à mesure de l’apparition des molaires de lait, à l’aide d’une petite brosse à dent.

_ La contamination bactérienne précoce par streptocoque se fait le plus souvent selon une transmission mère/enfant appelée transmission verticale. Celle-ci est consécutive à certains comportements comme le partage d’une brosse à dent, d’une cuillère, le rinçage de la tétine avec la bouche…

_ La consommation fréquente de biberons contenant des liquides sucrés tels que les jus de fruits, les sodas ou le lait, y compris le lait naturel qui contient du lactose, ainsi que l’allaitement tardif, dit « à la demande », (l’enfant s’endormant au sein de sa mère) augmentent le risque de développer des caries.

_ Le grignotage et les prises alimentaires ou médicamenteuses fréquentes sous formes de sirops sucrés ou de granules homéopathiques notamment, représentent un danger pour les dents de l’enfant.

 

Apparition d’une nouvelle pathologie sur la dent de 6 ans : la MIH

 

La dent de 6 ans (première molaire permanente), pilier de l’arcade dentaire fait son éruption dans la cavité buccale dans un contexte délicat : elle apparait au fond de la bouche alors qu’aucune dent de lait n’est encore tombée, son émail n’est pas totalement mature et se trouve donc plus vulnérable. Trois années seront nécessaires pour qu’il atteigne sa maturité adulte. Il est donc important de prendre soin de cette première dent définitive par une bonne hygiène bucco-dentaire. Une anomalie de structure de l’émail dentaire, appelée MIH, est constatée de plus en plus fréquemment (3 à 25% d’enfants atteints) sur cette dent de 6 ans de manière plus ou moins sévère, associée parfois à des stigmates sur les incisives permanentes. La cause en est à ce jour inconnu…

 

Ainsi, de plus en plus de premières molaires permanentes abîmées sont observées chez l’enfant. Cela pose des problèmes de stratégies de prise en charge. Extraire ou conserver, d’autant plus si cette pathologie participe à détériorer les autres dents définitives qui feront leur apparition par la suite.

 

L’odontologie pédiatrique, en collaboration avec l’orthodontie, peut alors permettre d’offrir une solution face au délabrement précoce de ces dents de 6 ans. Néanmoins, le diagnostic précoce et la prévention des lésions sont des actions plus efficaces. « Mieux vaut intervenir en amont et éviter les dégâts » explique, le Dr Rouas On le voit à travers cet exemple, la précocité de la prise en charge de l’enfant par le chirurgien-dentiste conditionne son avenir bucco-dentaire. Malheureusement, c’est encore trop tardivement, et dans le contexte d’une urgence, que s’effectue le premier contact !

 

La protection de l’émail par le fluor : les recommandations en 2013

L’utilisation quotidienne et à petites doses du fluor est recommandée. Celui-ci a un effet protecteur vis à vis des caries. Le fluor topique comme le dentifrice, favorise la résistance de l’émail. Ainsi, un dentifrice fluoré peut être utilisé quotidiennement. Mais la quantité de fluor doit être adaptée à l’âge.

 

Avant 7 ans des dentifrices dosés à 500 ppm sont indiqués, entre 7 et 12 ans, à 1000 ppm, et à partir de 12 ans un dentifrice adulte est conseillé. Le fluor par voie systémique sous forme de gouttes ou de comprimés peut s’avérer nécessaire en complément du fluor topique dans les cas de hauts risques carieux. Mais attention, un excès de fluor chez l’enfant peut causer une pathologie appelée la fluorose. Celle-ci détériore l’émail sur lequel apparaissent des colorations plus ou moins disgracieuses. Il ne faut donc pas dépasser 1mg/24h. Pour plus de sécurité, un bilan fluoré doit être réalisé avant toute prescription de produits fluorés.

 

Les acides : les vrais ennemis des dents

La déminéralisation de l’émail génère la carie. Cette déminéralisation produite par des acides survient quand le pH salivaire buccal descend au-dessous de 5,5 (pH critique). Une nourriture trop riche en glucides et des prises alimentaires trop fréquentes dans la journée sont en grande partie responsables de la maladie carieuse. Le grignotage peut prendre diverses formes. Par exemple, l’adolescent qui boit quelques gorgées de cola toutes les heures a son pH buccal en permanence en dessous du seuil critique. Cela a pour effet de rompre l’équilibre entre déminéralisation et reminéralisation au profit de la déminéralisation.

 

« Aujourd’hui, tout est fait pour que nous soyons exposés à de mauvaises habitudes alimentaires. Les canettes de cola sont remplacées par des bouteilles de 50cl que l’on peut refermer et, par conséquent, rouvrir régulièrement. La nourriture rapide est un phénomène de société. Le sucre est omniprésent dans les produits alimentaires. Des distributeurs de nourriture ou de boissons sont installés partout … Conséquences, nous constatons de plus en plus souvent chez des jeunes, les stigmates de l’érosion dentaire »

 

Ce sont les aliments renfermant du saccharose (jus de fruit, sodas…) qui favorisent cette dégradation tissulaire. Les sodas ont un fort potentiel érosif. Ils contiennent des additifs (E338 : acide phosphorique, E330 : acide citrique, E334 : acide tartrique), également présents dans les confiseries. La plupart des sodas et des jus de fruits ont un pH compris entre 2,4 et 3,6, c'est-à-dire très acide. Il en est de même pour les boissons light.

 

Ce qu’il faut savoir pour protéger les dents toutes neuves des enfants

_ Quatre repas par jour suffisent à l’enfant et entre les repas, seule l’eau est bienfaitrice.

_ De nombreux sucres se cachent (le goût d’un aliment ne suffit pas pour dire s’il contient

du sucre ou non). Les céréales, les chips ou le ketchup par exemple contiennent de l’amidon

qui se décompose en sucre.

_ Limiter les apports en sucre et les consommer plutôt au cours des repas.

_ La consistance des aliments est à prendre en compte. Une nourriture molle et collante reste plus longtemps en contact avec les dents, ce qui majore le risque de caries.

_ Le lait contient du lactose : par conséquent, il est cariogène.

_ Consommer des aliments cariostatiques* comme le fromage plutôt en fin de repas.

*Exemples d’aliments cariostatiques : le fromage, le beurre, le cacao, l’eau, les céréales, certains fruits ou légumes comme la pomme ou la carotte, etc.

 

En savoir plus
catherine.gros@prpa.fr / sophie.matos@prpa.fr

 

 

NDLR : MGEFI et dentaire

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    MINE D'INFOS: Prêt BFM NOEL:     Campagne NOËL 2013   A l'approche des fêtes de fin d’année, des achats de Noël, des besoins de trésorerie se font p...

    Prêt BFM NOEL


     
     

    Campagne NOËL 2013

     

    A l'approche des fêtes de fin d’année, des achats de Noël, des besoins de trésorerie se font parfois sentir...La Banque Française Mutualiste lance une nouvelle campagne du 26 novembre au 31 décembre 2013 axée sur le thème de « Noël » et proposant une offre de prêt attractive. Un prêt « spécial Noël » :

     

    - sur de petits montants et courtes durées : de 1 000 € à 5 000 € sur 6 à 36 mois,


    - avec un taux unique (sans distinction d’âge moins ou plus de 35 ans), ultra compétitif à 2,75 % TAEG hors assurance,

     


    - et une assurance de prêt facultative dans tous les cas compte tenu des durées/montants proposés.


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    MINE D'INFOS: ALERTE INFO: le siège de la MGEFI change d'adress...

    MINE D'INFOS: ALERTE INFO: le siège de la MGEFI change d'adress...:     Paris, le 2 décembre 2013 - Les services du siège de la MGEFI s'installent, dès lundi prochain, dans leurs nouveaux locaux: ...

    ALERTE INFO: le siège de la MGEFI change d'adresse le 9 décembre 2013

     
     
    Paris, le 2 décembre 2013 - Les services du siège de la MGEFI s'installent, dès lundi prochain, dans leurs nouveaux locaux:
    6 rue Bouchardon
    dans le 10ème  arrondissement de Paris.
     
    Crédit photo Mgefi
     
     
    A partir de lundi, 9 décembre 2013, l'ensemble des collaborateurs du siège de la MGEFI sera joignable aux coordonnées suivantes :
     
    MGEFI
    6, rue Bouchardon
    CS 50070
    75481 Paris Cedex 10
    Tél. : 01 56 41 06 00
     
     
    Ce déménagement est un moment important dans la vie de la MGEFI et pour l’ensemble des personnes qui travaillent dans les locaux du Siège.
     
    Le choix d’une adresse au centre de Paris répond au souhait exprimé notamment par le personnel, d’un maillage de moyens de transport plus dense.
     
    Les travaux de rénovation et d’agencement réalisés ont été conçus pour offrir un cadre de travail fonctionnel et agréable aux collaborateurs de la mutuelle.
     
    La MGEFI en faits et chiffres
    ■ Créée le 13 septembre 2007.
    ■ En 2009, la MGEFI remporte l'appel public à la concurrence lancé par l'Administration de Bercy.

    ■ La MGEFI regroupe 280 000 adhérents et 360 000 personnes protégées.

    ■ 260 collaborateurs au service des adhérents.

    ■ Un réseau de 800 militants.

    ■ En 2012, la MGEFI rejoint le groupe Istya
    ■ Certifiée ISO 9001: 2008 le 17 juillet 2013 AFNOR
      www.mgefi.fr