mardi 13 janvier 2015

Tu t'es vu sans Cabu ?


EDITO
Tu t'es vu sans Cabu ?
Quelle a bien pu être l'actualité santé de la semaine dernière ? S'il y en a eu, on ne l'a pas vue. Après les terribles faits qui ont bouleversé le pays, ce qui nous reste en mémoire, on le doit à ceux que l'on qualifie habituellement d'anonymes lorsqu'ils défilent en nombre mais qui, dimanche, avaient tous un nom : Charlie.
Phénomène hélas provisoire et déjà dépassé, les polémistes aux petits pieds sont restés silencieux ou couverts encore par le bruit du pas déterminé des foules géantes battant le pavé.
Jusqu'aux professionnels de la prévention qui, sans rien avoir à dire, auront été écoutés au-delà de leurs espérances : marcher, c'est vraiment bon pour la santé des cœurs et des têtes. Près de 4 millions de femmes, d'hommes et de familles ont pu en témoigner.
Les scientifiques cherchent depuis longtemps à savoir s'il existe un gène de la violence mais également si un gène de l'humour ne pourrait pas marginalement concerner quelques individus. Difficile à dire, mais on a déjà la réponse sur leur compatibilité.
Une seule certitude : le paradoxe et la dérision forment l'ADN de Charlie Hebdo qui trouve dans la religion, la police, l'armée et le personnel politique une source d'inspiration sans limite.
Vraiment sans limite car ce sont ces religions, attaquées à la Kalachnikov par des fous de dieu, qui revendiquaient dimanche le droit d'être griffées au crayon feutre par des mécréants.
Ce sont ces policiers et ces militaires, férocement croqués mercredi après mercredi mais fugacement promues icônes de la République, que la foule applaudissait à Paris.
Ce sont ces chefs d'Etat et de gouvernement, si souvent caricaturés par des dessinateurs aussi talentueux que vachards, qui venaient leur rendre hommage en montrant simplement leur vrai visage.
Paradoxe et dérision… Cabu – évoluant habituellement au milieu d'une bande de lurons peu connus pour leur tempérance – avait accepté d'être l'illustrateur exclusif de l'immense campagne de prévention « Un verre ça va, trois verres bonjour les dégâts », dans laquelle son célèbre Beauf ‘ donnait au slogan toute sa force et au message toute sa pertinence.
Aujourd'hui, ce n'est plus Bonjour les dégâts mais Tu t'es vu sans Cabu et, on est d'accord, ça n'a, définitivement, rien de drôle.
Jacques DRAUSSIN
>13 janvier 1938 : anniversaire de Jean Cabut, dit Cabu

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Rédaction: Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-sante.com
Publicité : Laurence LANSAC laurence@biensur-sante.com

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