✒️Libres propos de Gilles Djeyaramane :
Collecte nationale alimentaire : donnons, mais donnons avec discernement !
Ce week-end se déroule la collecte nationale annuelle des Banques Alimentaires, durant lequel des milliers de bénévoles sont mobilisés pour collecter des produits alimentaires mais aussi d'hygiène. Trois jours primordiaux pour aider mais aussi peut-être pour réfléchir à d’autres façons de donner.
Chaque année, le dernier week-end de novembre, les Banques Alimentaires organisent un rendez-vous solidaire dans les magasins d’alimentation partout en France. Cette année, la collecte nationale aura lieu du 24 au 26 novembre.
« En 2022, la Collecte Nationale des Banques Alimentaires a permis de récolter près de 9 500 tonnes de denrées alimentaires, soit l’équivalent de 18 millions de repas. Tout particulièrement cruciale cette année, la collecte nationale doit être une réussite afin que le réseau des Banques Alimentaires puisse soutenir les 2,4 millions de personnes en situation de précarité alimentaires accompagnées à travers les 6 024 associations, CCAS et épiceries sociales partenaires. » annoncent les Banques Alimentaires.
Dans un contexte marqué par une inflation généralisée et rampante, conséquence d’un contexte mondial délicat (rupture des approvisionnements en matière d’énergie et pénuries de produits agroalimentaires), on observe une hausse croissante de la demande d’aide alimentaire. Aussi, il est aisé pour tout un chacun de comprendre la nécessité de mettre en place des circuits de solidarité qui ne reposent pas uniquement sur les « épaules de la puissance publique ».
Une BA, qui à nous aussi, nous fait du bien …
Ce week-end de solidarité est l'unique moment durant lequel les Banques Alimentaires font appel directement à la générosité du grand public. L’occasion de faire de preuve de compassion et de solidarité en effectuant des dons en nature et en limitant les intermédiaires entre donateurs et bénéficiaires. Ainsi, à la sortie de nombreux commerces, nous croiserons des volontaires bénévoles équipés de caddies ou installés dans des stands de fortune et nous incitant à accomplir un geste de bienfaisance élémentaire, un acte de charité humaine. A moindre coût parfois, et surtout proportionnellement à nos moyens, nous pourrons aider.
On soulignera que les moyens logistiques et humains mis en œuvre sur le territoire sont colossaux : près de 6000 associations partenaires, de nombreuses collectivités territoriales et des entreprises privées mobilisent leurs agents et leurs locaux pour participer au dispositif. On remarquera également que des milliers de bénévoles notamment membres du Lions Club et du Rotary s’impliquent en masse depuis des années dans cette action caritative. On notera qu’une collecte en ligne est organisée. Il faut bien s’adapter à l’environnement numérique qui est désormais le nôtre. La plate-forme monpaniersolidaire.org essaie de transmettre « l’esprit collecte » en permettant d’offrir virtuellement des produits grâce à une grille d'équivalence.
Pour les bénévoles comme les donateurs, cette séance de dons constitue un exercice de thérapie individuelle et collective en matière de compassion et d’empathie. Nous sommes également conscients en notre for intérieur que des accidents de parcours de vie peuvent à tout moment terrasser l’un d’entre nous, et secrètement nous espérons être épargnés par le destin.
En revanche, certains rares citoyens n’hésitent pas à vilipender l’engagement des bénévoles. Sont déversés à la face de ces derniers : critique du système, accusations d’incitation de la population à une certaine forme d’assistanat, éloge de la paresse et l’oisiveté, comportements ou propos racistes sur les populations bénéficiaires supposées…
Donner oui mais bien donner
Si la collecte permet de récupérer des milliers de tonnes de dons alimentaires, la question de la nature des dons et de leur qualité est peu évoquée. Cela semble un sujet tabou voire indécent. Souvent, les bénévoles distribuent des listes de familles de produits conseillés. Et les commerces positionnent en tête de gondoles ou sur des zones délimitées des produits de première nécessité. C’est un peu comme « si la charité se devait, de faire preuve d’une certaine décence ».
À une époque où nous disposons de connaissances en matière de nutrition humaine relativement importantes, ne convient-il pas d’orienter davantage les dons des citoyens ? Nous savons tous qu’il faut « éviter les aliments trop gras, trop sucrés et trop salés ». Les campagnes étatiques ont en effet imprimé certains slogans dans nos imaginaires. Mais nos dons reflètent-ils ces préoccupations ? Sans jouer les diététiciens ou nutritionnistes de pacotille, ne devrions-nous pas privilégier dans nos choix par exemple des légumineuses et autres aliments nutritionnellement intéressants aux éternels féculents pâtes, riz, et farine de blé ? Ne faut-il pas prendre de nouvelles habitudes en matière de dons : mettre en avant des aliments issus de l’agriculture biologique, choisir des produits issus de circuits courts voire locaux, privilégier le commerce équitable (ou au moins d’origine française dans le but de créer) afin de favoriser un cercle vertueux en matière d’économie.
Il serait nécessaire de lancer des études scientifiques (médico-économiques) sérieuses afin d’optimiser ces collectes indispensables à tant de nos concitoyens et surtout d’accompagner l’attribution des dons à une politique d’information, dans la mesure du possible, en matière de nutrition et de diététique.
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