AVANT PROPOS
Ancien Premier Ministre de la République centrafricaine & Président du Parti politique MLPC
Martin Ziguélé, est né le 12 février 1957 à Paoua. Consultant, spécialisé en assurance, et homme politique centrafricain. Il est Premier ministre entre avril 2001 et mars 2003.
• Cumul de cette fonction avec celle de Ministre des Finances et du Budget (Ă partir de 2002)
• PrĂ©sident, Mouvement de LibĂ©ration du Peuple Centrafricain (MLPC) (juin 2007)
• Membre, Mouvement de LibĂ©ration du Peuple Centrafricain (MLPC) (depuis sa crĂ©ation en fĂ©vrier 1979)
• Sous sa mandature, son parti intĂ©grera l’Internationale Socialiste et l’Alliance Progressiste d’Afrique Centrale
Martin Ziguélé est :
Grand-croix de l’Ordre National du MĂ©rite Centrafricain (28 novembre 2017)
Grand-officier de l’Ordre National du MĂ©rite Centrafricain (5 novembre 2001)
Bonjour Martin Ziguélé,
Les lecteurs de "Mine d'Infos" qui suivent de près l’actualitĂ© africaine et plus particulièrement celle de la Centrafrique vous connaissent bien, d'autant que vous ĂŞtes particulièrement ”prĂ©sent" sur les rĂ©seaux sociaux.
Les fidèles des pages consacrĂ©es aux sorties littĂ©raires ont lu avec intĂ©rĂŞt l'article publiĂ© Ă l'occasion de le sortie de votre ouvrage* " Des crises Ă l’espĂ©rance. Ma vision pour la Centrafrique".
Votre regard** sur le parcours de Michel Gbagbo, fils de l'ancien PrĂ©sident de CĂ´te d’Ivoire Laurent Gbagbo, a suscitĂ© un vif intĂ©rĂŞt.
Votre double casquette d’assureur et d’homme politique intrigue... Si l'homme public est connu, l'homme privĂ© demeure un mystère...
👉Bref si vous deviez faire votre autoportrait que diriez-vous de vous?
Un grand penseur et philosophe disait que le « moi » est haĂŻssable et dans tous les cas, il est difficile de parler de soi-mĂŞme. Ce que je peux me permettre de dire, c’est que je suis un homme d’action, engagĂ© et mĂŞme un peu tĂŞtu. Lorsque je suis convaincu d’une idĂ©e ou d’un projet, je m’y consacre entièrement quel qu’en soit le rĂ©sultat ou le chemin pour y parvenir.
Et pour ĂŞtre engagĂ©, il faut d’abord ĂŞtre optimiste, mais sans ĂŞtre naĂŻf. Si on n’est pas optimiste, c’est difficile de croire en l’homme et Ă tout projet sociĂ©tal.
Enfin je refuse le renoncement et la complaisance.
👉À qu'elle carrière vous destiniez-vous à 20 ans?
Quand j’Ă©tais en classe de terminale, j’Ă©tais plutĂ´t un bon Ă©lève en philosophie et en latin. D’ailleurs j’Ă©tais reçu au baccalaurĂ©at littĂ©raire avec comme matière obligatoire le latin.
J’avais demandĂ© Ă ma professeure de philosophie Madame Janine Gon, qui est encore en vie, d’Ă©crire une recommandation dans mon dossier pour que j’aille Ă©tudier la philosophie Ă l’universitĂ©, ce qui n’Ă©tait alors possible qu’Ă l’Ă©tranger.
Ă€ peine le bac proclamĂ©, Jean Bedel Bokassa avait pris un dĂ©cret interdisant aux bacheliers centrafricains toute bourse d’Ă©tudes en philosophie et sociologie, et notamment en France, sous prĂ©texte qu’une fois Ă l’Ă©tranger, ce type d’Ă©tudiants devenaient systĂ©matiquement des opposants Ă son rĂ©gime.
Cette bourse m’a donc Ă©tĂ© refusĂ©e.
Sur les conseils d’un condisciple gabonais, je me suis orientĂ© vers des Ă©tudes de langue et de littĂ©rature anglaises, dans le but de continuer dans une « Business School » et travailler dans le commerce international.
J’Ă©tais donc Ă l’UniversitĂ© de Bangui, avec de bons rĂ©sultats et j’ai simultanĂ©ment prĂ©parĂ© deux concours très sĂ©lectifs : celui de l’Institut International des Assurances (IIA) de YaoundĂ©, et de l’École Nationale d’Administration (ENAM) de Bangui.
J’Ă©tais dĂ©clarĂ© premier exaequo
pour l’entrĂ©e Ă l‘ENAM et Ă©galement admis Ă l’IIA.
J’ai choisi l’IIA dont le cursus est identique Ă celui d’une Ă©cole supĂ©rieure de commerce, et avec des Ă©tudiants venant de 14 pays africains.
Sur ce plan j’ai pu rĂ©aliser mon rĂŞve, nos enseignements Ă©tant hyper dosĂ©s en Ă©conomie, finance, droit et assurances.
👉A quelle époque et dans quelle circonstance le monde de la politique a-t-il croisé votre route ?
Bien évidemment, mon premier engagement politique est né de la révolte contre la décision du Président à vie Jean Bedel Bokassa de transformer notre pays en empire.
J’Ă©tais Ă©tudiant Ă l’Ă©poque et le congrès du parti unique se tenait dans mon quartier, au Château Boganda du nom du Père de notre indĂ©pendance.
Je suivais ce congrès Ă la radio nationale et j’Ă©coutais en direct certains de mes professeurs dĂ©clarer que Jean Bedel Bokassa avait bien fait de transformer notre pays en empire, sous prĂ©texte que l’empire Ă©tait la forme de l’État africain authentique et historique.
J’Ă©tais scandalisĂ© par le double discours de ces Ă©minents professeurs qui sur le campus, pourfendaient la dictature de Jean Bedel Bokassa et en sa prĂ©sence l’encensaient.
Cette lâchetĂ© de l’intellectuel censĂ© ĂŞtre courageux m’a profondĂ©ment blessĂ© et depuis ce jour je me suis engagĂ© Ă combattre l’empire.
Trois ans après, Ă 22 ans, je me suis engagĂ© dans le MLPC sur les conseils de deux de mes collègues qui, eux, militaient dans ce mouvement crĂ©Ă© dans la clandestinitĂ©, pour renverser l’empire et restaurer la rĂ©publique.
Quarante-quatre années après, je suis toujours dans la lutte avec le MLPC comme militant et Président de ce Parti.
👉Par quel chemin détourné, ou pas, devient-on Premier
ministre?
Je ne sais pas comment d’autres ont fait pour ĂŞtre Premier ministre, et s’il y a un chemin dĂ©tournĂ© ou pas, pour le devenir.
Pour ma part comme militant du MLPC, j’ai Ă©tĂ© sollicitĂ© par le PrĂ©sident Ange FĂ©lix PatassĂ© pour devenir Premier ministre le samedi 31 mars 2001, alors que je venais d’intĂ©grer la Banque des États de l’Afrique centrale en juillet 1999, au poste de Directeur National pour la RCA, sur sa propre dĂ©cision.
Je lui ai opposĂ© un refus catĂ©gorique, au motif que je rentrais Ă peine d’un sĂ©jour de 12 ans au Togo, et qu’en plus il Ă©tait hors de question pour moi de remplacer le Premier ministre en poste, Anicet Georges DologuĂ©lĂ© Ă cause de nos liens de famille.
Devant moi, il m’a assurĂ© que j’avais raison et on s’est sĂ©parĂ© tard dans la nuit. ArrivĂ© chez moi, j’ai appelĂ© au tĂ©lĂ©phone une personnalitĂ© pour lui demander de convaincre Ă©galement le PrĂ©sident PatassĂ© de ne pas prendre cette dĂ©cision de me nommer Premier ministre parce que je souhaitais vraiment exercer mes fonctions de Directeur national Ă la Banque centrale.
Je ne sais pas ce qui s’est passĂ© ensuite mais le lendemain dimanche 1er avril 2001, j’apprendrai Ă la radio en mi-journĂ©e le dĂ©cret me nommant Premier ministre.
J’ai donc dĂ» assumer, mais ce n’Ă©tait pas du tout facile pour moi.
👉Vous avez commis trois livres***, le dernier remonte à 2015... un quatrième est-il en préparation ?
Vous le savez peut-ĂŞtre, je suis un ancien sĂ©minariste, Ă©duquĂ© par des capucins au Petit sĂ©minaire Saint-Jean de Bossangoa, puis Ă©lève des Frères maristes au LycĂ©e d’État des Rapides de Bangui.
De la classe de 6ème jusqu’en 3ème, j’avais lu tous les ouvrages de la bibliothèque du SĂ©minaire, Idem au LycĂ©e des Rapides.
Il m’en est restĂ© un grand goĂ»t pour la lecture. Je lis beaucoup et je lis de tout : journaux, magazines, livres, etc. et j’Ă©cris aussi beaucoup mais je ne publie pas tout.
Je suis depuis deux ans sur un projet de livre d’entretiens pour expliquer mon pays la RCA, expliquer son histoire, sa culture, ses espĂ©rances, ses expĂ©riences…
Je cherche un journaliste pour conduire cet entretien pour en faire un livre.
👉Vous êtes très présent sur les réseaux sociaux et dans les médias...
Oui, puisque je vous ai dit que je lis de tout. Les réseaux sociaux sont un morceau de miroir de toute la société humaine moderne.
Hier il y avait la radio avec les ondes hertziennes, ensuite il y a eu la tĂ©lĂ©vision et aujourd’hui les rĂ©seaux sociaux.
Il faut y être présent pour avoir le reflet de son propre environnement et du monde.
👉Par nécessité où réel intérêt ?
Par intĂ©rĂŞt d’abord parce que cette prĂ©sence est volontaire, mais Ă©galement par nĂ©cessitĂ© puisque les rĂ©seaux sociaux, malgrĂ© certaines dĂ©rives, permettent de prendre le pouls de la sociĂ©tĂ©.
👉Quelle est votre "vision" de la Centrafrique de demain?
Très ambitieuse. Un adage dit qu’il faut mourir pour aller au paradis et comme je ne suis pas encore mort, je ne peux pas dire que j’ai vu le paradis, mais je pense que la Centrafrique doit y ressembler.
J’ai parcouru mon pays du nord au sud et de l’est Ă l’ouest, par route, par avion, sur des pirogues, etc. Un pays plus vaste que la France, la Belgique et le Luxembourg rĂ©unis mais avec seulement 6 millions d’habitants.
Mon pays a un couvert végétal exceptionnel avec la forêt équatoriale faisant partie du Bassin du Congo au sud et la savane arborée au nord.
Comme la GuinĂ©e en Afrique de l’Ouest, la RCA est un château d’eau en Afrique centrale au cĹ“ur de l’Afrique, avec 15 millions d’hectares de terres cultivables dont seulement 0,5 % sont mise en valeur.
Nous avons toutes les potentialités pour développer ce pays, mais notre leadership politique fait défaut car erratique, inefficace et crisogène.
C’est pourquoi je suis convaincu que seule la vision sociale-dĂ©mocrate, portĂ©e par les dĂ©mocrates et progressistes centrafricains convaincus eux-aussi, peut changer la donne.
Notre pays est situĂ© au 188ème rang sur 191 pays du classement de l’indice de DĂ©veloppement Humain du PNUD, et huit centrafricains sur dix vivent sous le seuil de pauvretĂ© avec moins de 1000 francs cfa (soit deux dollars amĂ©ricains ou 1, 5 euros) pour vivre par jour, alors que le pays regorge d’Ă©normes potentialitĂ©s. C’est une aberration.
La mauvaise qualité du leadership explique en grande partie cette situation et donc un seul leadership progressiste et réformiste permettra de casser ce cycle vicieux.
👉Quel regard portez-vous sur l’actualitĂ© du monde: Wagner,Niger...?
Le Niger est pour moi comme une seconde patrie parce qu’au-delĂ des liens partisans, mon Parti le MLPC dĂ©veloppe des relations fraternelles avec le PNDS, et les prĂ©sidents Mahamadou Issoufou et Mohamed Bazoum.
Nos liens sont excellents et naturellement je suis plus qu’ulcĂ©rĂ© par le rĂ©cent putsch, pour convenances personnelles, contre le PrĂ©sident Ă©lu du Niger, Mohamed Bazoum qui doit ĂŞtre rĂ©tabli dans ses fonctions.
Nous avons publiquement et clairement exprimĂ© notre position depuis le dĂ©but de ce que nous considĂ©rons toujours comme une tentative de coup d’Ă©tat.
Nous saluons et soutenons tous les efforts pour le retour du Niger Ă la lĂ©galitĂ© par le rĂ©tablissement du pouvoir Ă©lu et de l’ordre constitutionnel ante.
S’agissant de
Wagner, ce sont des mercenaires agissant en complĂ©ment de la diplomatie russe. C’est une pieuvre dont l’objectif est de phagocyter l’un après l’autre nos États, de dĂ©truire l’espace politique rĂ©publicain, de manipuler la presse et les opinions publiques pour installer et conforter des rĂ©gimes fascistes de type mussolinien avec des "Duce".
Je pense que le monde sous-estime ce cancer qui se métastase dans les pays africains.
📌Martin Ziguélé,
l’annonce de votre prochaine interview loin de laisser nos lecteurs indiffĂ©rents, a suscitĂ© un certain nombre de rĂ©actions auprès de la rĂ©daction...
✒En voici la compilation:
📞 Josué Blaise Mbanga Kack , journaliste Camerounais, fidèle lecteur de "Mine d'Infos" nous dit qui est pour lui Martin Ziguélé.
On vous dépeint comme un homme courageux,
humain, chaleureux, compétent...
On vous dit ”tenace" avec un "caractère bien trempĂ©".
On ne peut pas plaire Ă tout le monde...
On vous reproche trop d'humilité.
Tout en reconnaissant vos compétences certains regrettent que vos orientations profondes restent quelque peu cachées...
Pour une grande majoritĂ© d’entre eux
Vous avez été un Premier ministre compétent dans des conditions difficiles sous Jean Bedel Patassé.
Vous avez favorisé [volontairement ou pas] l'arrivée au pouvoir de François Bozizé avant de vous opposez ensuite
courageusement Ă lui.
Pour d'autres
Vous êtes perçu (de par votre carrière professionnelle et politique) comme un homme politique chevronné, leader incontournable de l'opposition centrafricaine, qui a su mettre en exergue sa capacité à mobiliser et son leadership lors du boycott du récent référendum en Centrafrique dont ils vous perçoivent comme la cheville ouvrière...
En dépit des qualités qu'ils vous reconnaissent et bien que vous ayez occupé de hauts fonctions politiques, ils estiment que vous ne bénéficiez toujours pas d'une forte popularité auprès du peuple centrafricain.
[Ce qui se vérifie selon eux par votre faible score aux présidentielles de 2015].
Ce que beaucoup regrettent au regard de votre potentiel et de vos compétences qui pourraient vous permettre à l'avenir (selon eux) de présider la Centrafrique, si, et seulement si, vous arrivez à mieux capitaliser vos atouts.
Quoi qu’il en soit, vous restez aux yeux de beaucoup
Un leader cohérent qui lutte contre l'injustice dans son pays, malgré la forfaiture en cours, et restez une alternative crédible aux défis de la RCA.
Vous êtes considéré comme un dirigeant courageux face aux forces violentes installées au pouvoir et celles qui sévissent toujours dans votre pays.
Résilient face à l'autocratie et l'impunité ambiante, profondément démocrate et empreint des valeurs universelles qui devraient être celles qui régissent un pays, un continent.
👉Vous reconnaissez-vous dans la perception et dans le portrait que dressent de vous nos lecteurs ?
Comme je l’ai dit tantĂ´t je ne suis pas Ă l’aise pour parler de moi. Mais il est vrai que dans l’environnement qui est le mien, mener une lutte politique est forcĂ©ment l’Ă©preuve de feu.
Il faut faire preuve de beaucoup de force de caractère et de force morale pour tenir le cap de la lutte.
Il faut rĂ©sister aux menaces, aux intimidations, aux trahisons et Ă l’humiliation.
Il faut Ă©galement rĂ©sister au dĂ©couragement consĂ©cutif au chapelet d’Ă©lections aux rĂ©sultats frauduleux, avec des structures de gestion et de contrĂ´le des Ă©lections corrompues et Ă la solde des pouvoirs successifs.
Par contre je vais corriger quelque chose, je n’ai pas favorisĂ© l’arrivĂ©e de François BozizĂ© au pouvoir, je ne sais pas d’oĂą vient une telle contrevĂ©ritĂ©.
Un lecteur de "Mine d'Infos" a souhaité vous poser sa propre question:
🤔La mode forcĂ©ment est Ă la prĂ©sence de Wagner avec ce qui s’est passĂ© en Russie !
Quoi que toujours stationné en Biélorussie pour le moment...
Comment vivez-vous, en votre qualitĂ© d’ancien Premier ministre, leur prĂ©sence dans votre pays alors qu'il m'est dit que l’actuel prĂ©sident doit tout Ă la Russie...
J’ai Ă©tĂ© le premier homme politique centrafricain Ă dĂ©noncer la prĂ©sence des Wagner dans notre pays pour la simple raison qu’un de nos candidats aux lĂ©gislatives a Ă©tĂ© la première victime des agressions des Wagner dès dĂ©cembre 2020 dans une ville appelĂ©e BossembĂ©lĂ©.
Ce ne sera malheureusement que le premier acte d’un chapelet de crimes, de violences et d’agressions commis par les mercenaires de Wagner partout en RCA, et largement documentĂ©s par des institutions de renom comme Human Rights Watch, International Crisis Group, The Sentry sans parler des rapports de l’ONU et d’autres organisations centrafricaines.
Curieusement aucune enquĂŞte Ă ma connaissance n’a Ă©tĂ© ouverte par les juridictions Ă compĂ©tence universelle pour en juger les auteurs et complices, afin que les Centrafricains puissent souffler.
Je n’accepte pas et n’accepterai jamais que des mercenaires prennent en otage notre pays et notre peuple, dictent leur loi dans tous les domaines y compris sur le plan politique, et pillent nos richesses, comme cela se passe actuellement dans la grande mine d’or de Ndassima, sans payer un seul centime Ă l’État.
Au 21ème siècle nous assistons donc Ă un pillage en règle d’un pays, et personne ne lève le petit doigt pour au moins dĂ©noncer cette spoliation du peuple centrafricain.
Nous sommes quelques-uns à continuer de crier comme Moïse dans le désert.
👉Il n'y a pas qu'une vie dans la vie... Pensez-vous déjà à la prochaine étape ?
Bien sûr puisque je suis assureur de métier, par déformation professionnelle je me projette toujours dans le futur.
Je suis Ă la retraite de la fonction publique depuis 4 ans et curieusement je n’ai jamais Ă©tĂ© autant occupĂ© depuis.
Je suis dĂ©putĂ© et m’occupe de ma circonscription de Bocaranga 3, je gère mon parti, je donne des coups de mains dans les assurances, et je suis Ă©galement devenu fermier.
Sans compter ma famille. Mais par-dessus tout, le combat politique pour la victoire du MLPC se situe au-dessus de tout.
👉Vos multiples fonctions vous laissent-elles du temps pour une vie personnelle?
Oui c’est ce que je viens de dire. J’ai une vie personnelle que je consacre Ă ma famille, Ă mes enfants et surtout mes petits enfants dont le nombre continue de s’accroĂ®tre.
Ils me remplissent de bonheur et j’apprends beaucoup d’eux car ils me soumettent rĂ©gulièrement Ă des sĂ©ances de questions aussi curieuses qu’impertinentes.
Ensuite j’ai renouĂ© avec l’agriculture et le petit Ă©levage car je suis fils de paysan.
👉La personne que vous êtes aujourd'hui a-t-elle réalisée ses rêves d'enfant ?
Oui je crois et j’en rends grâce Ă Dieu d’abord, puis Ă mes parents, Ă mon Ă©pouse et Ă mes enfants, mes frères et sĹ“urs, mes camarades ainsi qu’Ă toutes celles et Ă tous ceux qui ont donnĂ© de leur temps pour m’Ă©duquer, m’encadrer, et m’aider jusqu’Ă ce jour.
Un adage camerounais dit que «quelqu’un devient quelqu’un Ă cause de quelqu’un».
Nous sommes tous des produits de la générosité et de la disponibilité des autres.
On ne peut rĂ©aliser ses rĂŞves, en partie ou en totalitĂ©, qu’avec le concours des uns et des autres, mĂŞme si la dĂ©termination personnelle est essentielle.
👉Si vous aviez la possibilité de faire vous-même les questions/réponses laquelle vous seriez-vous posée et quelle réponse y auriez-vous apportée?
🤔Ma question serait :
ĂŠtes-vous panafricaniste et que pensez-vous du panafricanisme ambiant actuellement❓
Je rĂ©pondrai comme le Christ en son temps « mĂ©fiez-vous des faux prophètes ».
J’ai lu tous les ouvrages de Kwame Nkrumah dont le fameux «Africa must unite ».
J’ai lu Frantz Fanon, Marcus Garvey, SĂ©kou TourĂ© et d’autres encore.
Je suis panafricaniste dans l’âme puisque je suis socialiste, donc internationaliste.
J’ai participĂ© Ă plusieurs rĂ©unions dans le passĂ© avec des camarades progressistes du Niger, du Burkina, du Mali, du SĂ©nĂ©gal, de Libye, du Cameroun et d’ailleurs pour la vulgarisation par l’enseignement des idĂ©aux du panafricanisme et de l’unitĂ© africaine fondĂ©s sur les visions conjuguĂ©es des Pères fondateurs.
Ce travail doit être urgemment repris et je profite de votre tribune pour lancer un appel aux intellectuels et aux politiques africains pour en créer le cadre.
La nature ayant horreur du vide, il est comprĂ©hensible qu’en l’absence de cadre rigoureux de rĂ©flexion et d’action sur le panafricanisme, des rĂ©seaux sociaux et des mĂ©dias relaient un ersatz de panafricanisme qui n’est qu’une hĂ©rĂ©sie politique et une escroquerie intellectuelle sinon une escroquerie tout court.
Dis-moi qui te finance je te dirai qui tu es.
La presse relaie des informations vĂ©rifiĂ©es et recoupĂ©es sur les subsides que perçoivent ces africaines et africains de pays qui sont dans leurs stratĂ©gies de domination, comme d’autres hier.
Le panafricanisme n’est ni chauvin, ni xĂ©nophobe, ni racial, ni raciste. Il est l’unitĂ© de l’Afrique, au-delĂ des frontières coloniales et des ethnies, pour nous rassembler en une seule nation, pouvant peser dans le concert des nations et la conduite des affaires du monde.
Dans cette Afrique unie, tout africains noir, blanc ou mĂ©tissĂ©, s’Ă©panouira et vivra dignement, en harmonie avec d’autres peuples et nations.
*Martin ZIGUELE livre sa vision de l'Avenir de la Centrafrique
**Michel Gbagbo dans le regard de Martin Ziguélé
***
"Des crises Ă l’espĂ©rance. Ma vision pour le Centrafrique", Éditions Dagan, 2015
"Le bilan des 50 ans de l’indĂ©pendance de l’Afrique", Ă©ditions Jean-Jaurès, 2010
"Les techniques de vente de l’assurance vie en Afrique", Éditions CICA-RE, 1994
Martin ZIGUÉLÉ, avec qui je partage les rencontres de l'Internationale Socialiste et de l'Alliance Progressiste depuis 2014, est un Homme d'Etat respecté par ses pairs.
Grand défenseur des valeurs du Socialisme démocratique, le Président du Mouvement pour la Libération du Peuple centrafricain (MLPC) s'est engagé en politique très jeune, alors que son cursus universitaire, son profil et son expérience professionnelle le prédisposaient à une brillante carrière dans le domaine de I'Assurance ou de la Banque.
Mais pouvait-il en être autre pour ce jeune technocrate ayant grandi sous le régime de l'empereur Jean-Bedel BOKASSA et foncièrement opposé à la confiscation de toutes les libertés par les différents régimes totalitaires qui se sont succédés en République centrafricaine ?
Face à l'absence de démocratie, de liberté et de justice en République centrafricaine et dans de nombreux pays d'Afrique, le jeune socialiste Martin ZIGUÉLÉ adhère au MLPC en 1979 à l'âge de 22 ans pour lutter contre les dérives des régimes monarchiques et totalitaires.
Après avoir occupé les fonctions de Directeur National de la Banque des États de I'Afrique Centrale (BEAC), le Président Martin ZIGUÉLÉ a été Ministre des Finances et du Budget, député, Président de groupe parlementaire et Premier ministre de la République centrafricaine.
Cette riche expérience administrative et politique, l'ancrage dans son terroir de Paoua, et son attachement aux valeurs du Socialisme démocratique sont des atouts déterminants pour faire de la République centrafricaine un état démocratique et prospère si les centrafricains lui font confiance pour accéder à la seule station qui lui reste, c'est-à -dire celle de président de la République.
Propos recueillis par Nora ANSELL-SALLES auprès de Martin ZIGUÉLÉ et du professeur GORGUI CISS
Pour information Martin Ziguélé sera à Paris pour 1 mois en septembre prochain. Il recherche une maison d'édition pour son 4ème ouvrage.
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