dimanche 19 septembre 2021

PARCOURS ATYPIQUE : celui du Dr Olivier Mariotte



Bonjour Olivier Mariotte, quels sont les principales étapes de votre parcours professionnel ?

J’ai fait des études de médecine à Dijon (thèse en 1984) pendant lesquelles je me suis surtout intéressé à la médecine d’urgence, au Samu et également à la médecine tropicale (7ème année au Gabon). Je me suis orienté vers des fonctions marketing dans l’industrie pharmaceutique pendant les années 80, puis dans la communication dans les années 90 pour retourner ensuite dans l’industrie en charge des affaires publiques et des affaires économiques dans les années 2000. En 2007, j’ai décidé de créer ma propre entreprise, nile, qui est une agence conseil en affaires publiques dédiées aux acteurs de santé.

Vous avez de multiples facettes... laquelle vous rend le plus fière ?

Très certainement mon engagement en tant qu’élu local dans mon village du Nord Côte d’Or. J’ai appris beaucoup de choses et j’en apprends encore sur la façon de gérer une commune, de prendre en charge des situations particulières, de résoudre également des problématiques complexes auxquelles on n’est ppas préparé dans la vie personnelle ou professionnelle.

Pourquoi avoir abandonné l'exercice médical ?

Je n’ai pas abandonné l’exercice médical. Je le pratique autrement. Cette question est intéressante et on me l’a posée à de nombreuses occasions. Il est vrai que je ne dispense plus de soins aux malades, mais, comme un médecin qui a une orientation de santé publique, je reste fondamentalement enraciné dans le système de santé, au sein des différents acteurs. Ma passion se porte sur l’organisation du système de santé et les améliorations qu’il est nécessaire d’y apporter. C’est, je le pense, un vrai mode d’exercice.


Comment est né le concept des cafés nile ?

D’un constat très banal : l’organisation du système est malheureusement bâtie sur des silos (professionnels, public/privé, sanitaire/médicosocial, etc.). Ces silos sont, consciemment ou non, encouragés par les corporatismes et l’hyperadministration du système de santé. Ils engendrent (au moins) deux effets négatifs majeurs : l’absence de transversalité dans l’information et le manque de curiosité dans les problématiques qui ne touchent pas directement le contenu professionnel. Ainsi, l’industrie a ses experts, ses intervenants, ses communicants qui parlent surtout… aux industriels. Il en est de même pour les médecins, ou les pharmaciens. Il fallait donc créer un espace ouvert à tous les acteurs de santé qui permette à un expert d’intervenir devant tout le monde. Et il fallait que cet espace soit « ouvert » dans le sens où il devait être dédié au questionnement de ces experts et non pas à la façon traditionnelle de procéder qui se base sur une présentation magistrale ou descendante. Les cafés nile sont nés ainsi : 3 mercredis sur 4 nous recevons une personnalité du monde de la santé qui répond, sur un thème d’actualité aux questions de la société civile en santé. Cela a deux conséquences : la création d’un langage commun entre tous les acteurs et la perception de tout un chacun que la question posée par un médecin ou un industriel est la même que celle que se pose un responsable administratif ou associatif.


Quel regard l'élu que vous êtes porte-t-il sur la gestion de la crise sanitaire ?

Au final, plutôt un regard positif. D’abord parce que, sans expérience antérieure d’une crise d’une telle ampleur, on finit par avoir 80% de la population vaccinée et que l’économie est en forte croissance, bien soutenue qu’elle a été (240 milliards d’euros ont été injectés pour l’emploi et les entreprises) durant toute la période critique. Ensuite parce qu’elle a rebattu les cartes, permettant aux collectivités locales de trouver de nouvelles missions, de nouveaux objectifs et de donner un sens nouveau à leur actions. Elle a permis également de mesurer combien les modes opératoires de « l’ancien monde » (si tant est qu’il en émerge un nouveau) étaient peu efficaces et qu’il fallait en changer. Enfin, cette gestion de crise a obligé les autorités à plus de décentralisation (ou de déconcentration) et à travailler avec des acteurs qu’elles ignoraient jusqu’alors ou, du moins, considérait comme étant des acteurs de seconde zone. Je pense aux logisticiens par exemple.

Si vous étiez conseiller du futur président de la République, que lui souffleriez-vous à l'oreille ?

Trois choses.  Premièrement que la santé n’est pas une question technique qui requière un ministère, mais une préoccupation politique qui requière une mobilisation de tous dans tous les ministères. Deuxièmement qu’il faut travailler au plus près des territoires avec les acteurs de terrain et non pas décider du 14 avenue Duquesne comment on va monter une CPTS dans un territoire rural. Il y a une créativité et une envie de faire sur le terrain qu’il faut encourager et non pas normer. Enfin, que la pédagogie, l’information et la prévention sont trois mots-clés en santé et qu’il faut puissamment investir en moyens humains et budgétaires sur ces trois objectifs.


Il n'y a pas qu'une vie dans la vie... vous êtes très présent sur les réseaux sociaux où vous partager beaucoup autour des plaisirs de la table... vous définiriez-vous comme un bon vivant ?

Tout à fait. Je confesse avec plaisir que l’hédonisme fait partie intégrante de ma vie. La gastronomie, le vin, la cuisine sont, par essence, des outils de la convivialité et du partage. Et rien ne me fait plus plaisir que de voir les jeunes générations se passionner pour des émissions sur ces sujets, passer du temps ensemble pour préparer un plat ou un repas. C’est très certainement ce qui a le plus manqué aux français durant cette crise !


Propos recueillis par Nora Ansell-Salles

🔎ZOOM SUR UNE RENTRÉE CHARGÉE en octobre pour Olivier Mariotte...


👉Les prochains intervenants du café Nile ☕ :
Thomas Mesnier, Guillaume Icher, Jean-Carles Grelier
12 13 et 19 octobre.

👉Plus 3 colloques : - - Biosimilaires le 6 octobre,
 
- 1ères Assises du don d'organe le 14 octobre,

-  "l'Europe de la santé" les 20, 21 et 22 octobre.

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