mercredi 6 mai 2020

Le coup de griffe de Jacques Draussin


Infolettre n° 380
mardi 5 mai 2020
Contact : Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-sante.com

11 mai, jour dcoiffinement

A condition d’être bien sage [en langage gouvernemental, faire preuve de responsabilité individuelle], la date magique du 11 mai devrait être celle du tant attendu déconfinement.

Ce marché, mâtiné de chantage à peine voilé, est largement conditionné par une persistance de la tendance à la baisse du nombre de lits de réanimation occupés par des malades du Covid-19.

Si la carte de France continue à tirer sur le vert, nous pourrons donc, après 8 semaines d’assignation à résidence, nous livrer enfin à l’activité plébiscitée selon les sondages par une très large majorité de têtes échevelées. Aller chez le coiffeur.

Du moins pourrons-nous espérer pouvoir le faire car les files d’attente dans les salons de capilliculture s’annoncent infiniment plus longues que dans celles des cabinets médicaux de villetoujours désertés depuis le 17 mars.

Seul[e]s les habitué[e]s auront le privilège d’obtenir dans un délai plus ou moins lointain une consultation chez leur coiffeur comme, avant la crise, d’en obtenir une chez leur généraliste. La qualité de coiffeur traitant va sans doute devoir se substituer à celle de médecin traitant.

Les malheureux alopéciques chroniques n’auront plus que la possibilité de sortir sans avoir à remplir pour la 57ème fois une case de leur odieuse « attestation de déplacement dérogatoire ».

Ils auront ainsi tout loisir de poiroter des heures dans une autre file, devant un bureau de tabac, une pharmacie ou mieux, devant un hypermarché pour ramener à la maison un plein caddy de masques taillés dans des slips de bain chinois.

Une denrée jusqu’ici Ô combien précieuse qui ira séance tenante rejoindre dans le placard le stock de papier toilette acquis de haute lutte en mars et pourtant à peine entamé pour cause de paresse intestinale [l’inactivité n’a pas que des conséquences néfastes sur le système vasculaire et l’indice de masse corporelle...].

Pour le reste, finalement peu de changements à prévoir dans l’immédiat : télétravail prolongé, enfants préservés à domicile de la si redoutée promiscuité scolaire, pas de week-ends à la mer ou à la campagne, pas de petits restos, de café au bistrot, pas de fêtes de famille ou de copains, pas de ciné ou de théâtre...

Pour profiter de tout cela, il faudra encore attendre. Combien de temps ? Mystère, boule de gomme et Covid-19. Jusqu’à nouvel ordre et contre-ordre, le 11 mai est donc au mieux reporté au 2 juin et les vacances d’été à l’automne.

Bref, le 11 mai, #RestezChezVous puisque de toute façon, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire. A part aller chez le coiffeur bien sûr.

Jacques DRAUSSIN




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