mardi 3 mars 2020

Le Coronavirus serait en fait un "petit joueur"


Infolettre n° 371
mardi 3 mars 2020
Contact : Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-sante.com

Covid-19, petit joueur ?

On a beau se dire que 3 000 morts sur une population mondiale de 7,8 milliards d’individus, c’est peu et qu’à la date du 3 mars 2020 la probabilité d’être contaminé par le coronavirus est encore très inférieure à celle de décrocher le pactole à l’Euro-million de ce soir [l’espoir en moins, cela va sans dire…], beaucoup vont quand même choisir d’essayer de dénicher un masque chirurgical à la pharmacie du quartier au lieu de faire valider leur grille au bar-tabac du coin.

Il est vrai que, si l’on veut se réconforter, mieux vaut ne pas trop se pencher sur l’histoire des pandémies. Il aura en effet fallu à peine 5 ans à la peste noire pour décimer la moitié de la population européenne au Moyen-âge, moins de deux ans à la grippe espagnole pour faire davantage de victimes que la première guerre mondiale et, si l’on met à part la nostalgie des événements de mai 68, quelques semaines seulement à la grippe de Hong Kong pour inscrire à son tableau de chasse planétaire un bon petit million de personnes.

Au regard des scores très modestes du SRAS et de Ebola [respectivement 775 et 11 000 décès] qui nous ont pourtant fait sacrément flipper, seul le sida peut revendiquer une place de choix dans le Guiness Book des pandémies virales avec ses 30 millions de morts [et, soit dit en passant, toujours 6.000 contaminations annuelles supplémentaires en France].

Certes, comparaison n’est pas raison mais le Covid-19, en grande partie grâce aux progrès de l’infectiologie, fait quand même figure de petit joueur à ce stade de la compétition internationale et la France de nain sanitaire avec ses 191 cas et ses 3 décès.

[La loi du mort kilométrique]

Dans les écoles de journalisme, on enseigne depuis des lustres la loi du « mort kilométrique ». De quoi s’agit-il ? C’est basique mais facile à vérifier : plus un événement survient près de chez nous, plus il suscite d’émotion.

Tant que le Coronavirus restait confiné du côté de l’Empire du milieu, de ses 80.000 malades et de ses 2 912 morts, les plus paranos choisissaient seulement de boycotter les restaurants chinois. Désormais, avec une centaine de cas repérés dans tout l’Hexagone, ce sont nos voisins de palier auxquels il n’est plus question de serrer la main et nos enfants qu’on devrait se résoudre à ne plus embrasser.

Alors, au seuil du stade véritablement épidémique, ce serait sans doute nuire à la santé publique que de vouloir encore mettre en perspective la loi du mort kilométrique et la théorie de la relativité. Pourtant, si l’on peut aujourd’hui risquer une statistique optimiste, 98 % des individus porteurs du Covid-19 guérissent.

Sauf évolution contraire, la quasi totalité de ceux qui nous ont fait l’amitié de lire cette Griffe ont toutes les chances de pouvoir réitérer la semaine prochaine. Si nous sommes en mesure de l’écrire bien sûr.

Jacques DRAUSSIN

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