mardi 26 mars 2019

C'est à lire : le coup de griffe de Jacques Draussin



Infolettre n° 331
mardi 26 mars 2019Contact : Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-sante.com

Le cowboy n’a plus la cote
Faute de venir à bout des gilets jaunes et des black blocs, les Pouvoirs publics peuvent au moins se féliciter de compter désormais moins de doigts jaunes et de poumons noirs.
Annoncé en fanfare hier, quelques heures avant la tenue du Comité interministériel sur la Santé, le résultat vaut, c’est vrai, d’être salué. 600 000 fumeurs quotidiens ont en effet complètement arrêté de tirer sur leur cigarette en 2018 et viennent rejoindre les rangs du million qui avaient déjà pris cette décision en 2017.
Quelle mesure aura été déterminante dans cette réduction spectaculaire [réserve faite quand même de la progression parallèle de la contrebande et de la contrefaçon] ?
Ce qui est remarquable justement, c’est qu’aucune mesure, prise isolément, ne peut revendiquer d’avoir été déterminante dans cette dégringolade tabagique. Certes, le prix moyen du paquet, qui était de 3,05 € en 2 000, sera bientôt de 10 €… Même le litre de gasoil corrigé de sa taxe carbone n’a pas suivi cette courbe [et ne parlons pas du SMIC horaire] ! Pourtant, cette augmentation n’aura pas suffi, seule, à enclencher un mouvement désormais irréversible de décroissance de la consommation.
L’interdiction de fumer dans les lieux publics, les avertissements et photos chocs sur un packagingneutre, le remboursement des substituts nicotiniques, le renforcement du service Tabac-info-service, l’instauration d’un mois sans tabac, l’installation des « vapoteuses » et une communication s’échappant du carcan publicitaire : tout cela a concouru à la réduction du nombre de fumeurs. Pas encore à celle du nombre de morts [78 000 l’an dernier] qui reflète l’état d’une consommation vieille de 25 à 30 ans et que l’on paye avec effet retard à coups massifs de cancers.
Une politique de santé publique ne se mesure ni ne se programme à court terme. Celle qui concerne le tabac a commencé à être élaborée en 1976, avec Simone Veil. Pas avec Agnès Buzyn, certes, mais on lui sait gré d’y puiser de l’inspiration.
Jacques DRAUSSIN

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