mardi 3 octobre 2017

Le coup de griffe de Jacques Draussin

Infolettre n° 269
mardi 3 octobre 2017Contact : Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-sante.com

Octobre rose pâle

La semaine dernière, la Tour Eiffel s’est fugacement parée de la couleur-symbole de la campagne de dépistage du cancer du sein.

Les 20 000 ampoules du monument parisien changent désormais si souvent de teinte que cette énième mutation chromatique, censée donner le coup d’envoi de la 17ème édition d’Octobre Rose, n’a pas spécialement éveillé l’attention.

Dommage, parce que le taux de participation des femmes directement concernées [entre 50 et 74 ans] ne cesse de s’éroder, lentement mais sûrement. L’an dernier, à peine plus de la moitié d’entre elles ont participé au programme de dépistage organisé par l’Institut national du Cancer [InCA] depuis 2004.

Il en va du dépistage comme de la vaccination, de la lutte contre l’hypercholestérolémie, de la pilule contraceptive ou d’une kyrielle de traitements médicamenteux. Ses bénéfices sont aujourd’hui mis en doute par un aréopage hétéroclite d’associations de défense et de médecins.

La dernière offensive en date est due à l’association « Cancer rose » qui pose la question de l’intérêt du dépistage, de telle façon que la réponse à y apporter ne saurait laisser place au doute : « Mutile-t-on des femmes pour rien ? ». On sent poindre l’argumentation objective...

Sans nier l’existence d’un risque de surdiagnostics à l’origine de surtraitements, il n’est pas inutile de rappeler quelques éléments également nécessaires pour éclairer le jugement. Si une anomalie est détectée à la première ou à la seconde lecture de la mammographie [90 femmes sur 1 000 sont concernées], il s’agit le plus souvent d’un banal kyste. Plus rarement, un cancer peut être repéré : c’est le cas pour 7 femmes sur 1 000 qu’on peut alors traiter sans tarder.

Le cancer du sein est qualifié de « bon pronostic » lorsqu’il est repéré précocement  [90% de taux de survie à 5 ans]. Or, il tue encore 11 000 femmes chaque année… Un résultat qui devrait raisonnablement plaider pour un dépistage plus massif, non pour une désaffection générale. Mais, raison et prévention forment décidément une rime pauvre…

Jacques DRAUSSIN

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