lundi 18 juillet 2016

Mettre des mots sur les maux

Attentat de Nice : mettre des mots sur les maux

 


En quelques heures, un dispositif de grande ampleur s'est organisé pour le soutien psychologique des nombreuses victimes et des témoins directs de l'attentat de Nice, note Le Monde. L'équipe de la cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) des Alpes-Maritimes a rapidement reçu des renforts de la région et même au-delà. "Des lieux de consultation ont été ouverts à l'hôpital Pasteur 2, au centre universitaire méditerranéen, à la Maison pour l'accueil des victimes et à hôpital pédiatrique Lenval", indique le quotidien.
"Pour ceux qui ont vécu de près les événements, l'objectif d'une prise en charge précoce est d'apaiser le choc et d'éviter des séquelles psychiques, dont l'état de stress post-traumatique. "Chez les enfants, l'enjeu est de prévenir le développement d'angoisses, et notamment d'angoisses de séparation", précise la Pre Florence Askenazy, chef du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital Lenval, dans Le Monde.
La pédopsychiatre et son équipe ont enchaîné les consultations. "Nous avons vu des personnes en état de stress très aigu, avec un vécu de guerre, témoigne-t-elle. Les mères avaient des craintes terribles pour leurs enfants, avec l'impression que ça allait continuer. Des adolescents m'ont étonnée par leur capacité à faire face, leur lucidité. Ils arrivaient à verbaliser sur le thème de l'impuissance, de la culpabilité, de l'incompréhension totale surtout. La question que tous, ados, parents… m'ont posée, c'est : comment est-il possible qu'un être humain fasse une chose pareille ?", témoigne-t-elle dans Le Monde.
Sur le long terme, "environ 20% des personnes exposées développent secondairement un état de stress post-traumatique, ce qui signifie que la grande majorité s'en sortira plutôt bien", précise le Dr Michel Spodenkiewicz, toujours dans Le Monde. Ce pédopsychiatre a participé au soutien psychologique des victimes du 13 novembre 2015 et à celui d'enfants d'écoles juives après l'attentat de l'Hyper Cacher en janvier 2015.
L'attaque de Nice risque cependant d'avoir un impact psychologique d'autant plus fort qu'il y a un effet d'accumulation. "On pourrait penser qu'il y a une sorte d'accoutumance qui se crée, avec la succession d'attentats, mais c'est plutôt le contraire", poursuit Michel Spodenkiewicz. Surtout, de nombreux enfants étaient présents. "Ils ont été exposés à quelque chose qui dépasse leur capacité d'adaptation, parfois leur compréhension, insiste le spécialiste. De plus, comme nous l'avons observé dans les écoles juives après les attentats de janvier 2015, le fait de voir les adultes, leurs parents, en état de panique, rajoute à l'angoisse de la situation. Rassurer les adultes permet d'aider à rassurer les enfants."
Après ce nouveau drame qui frappe la France, se pose la question de l'indemnisation des victimes et de de leurs proches. Le Fonds de garantie (FGTI) est chargé d'indemniser les personnes blessées ou les ayants droit qui ont perdu un proche à la suite d'actes terroristes, rappelle le site des Echos.
Le FGTI dédommage l'ensemble des atteintes corporelles, physiques comme psychiques, causées aux victimes, mais aussi les "préjudices moraux et économiques des proches des victimes décédées ou lourdement atteintes".
Les familles des 84 personnes décédées à Nice peuvent prétendre à une indemnisation, de même que les 300 personnes blessées. En revanche, le parcours risque de se révéler plus compliqué pour les victimes dites "psychologiques". "Nous sommes dans une configuration inédite, où, potentiellement ce sont les 30.000 personnes qui ont assisté au feu d'artifice sur la promenade des Anglais qui sont concernées", souligne Stéphane Gicquel, secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac), sur le site du Parisien.

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