lundi 8 février 2016

Grande conférence de la santé



A l'occasion de la « Grande conférence de la santé » qui se tient ce jeudi 11 février au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, les audioprothésistes présentent leurs propositions, en particulier dans le domaine de leur formation initiale, dans une contribution rendue publique aujourd’hui.


A l'initiative du Premier ministre, en lien avec les ministres en charge de la santé et de l’enseignement supérieur et de la recherche, la « Grande conférence de la santé » consiste en un travail de concertation prospectif concernant toutes les professions et tous les modes d’exercice.


Ayant nécessité six mois de travail de préparation entre juin 2015 et janvier 2016, cette conférence donnera lieu à l'élaboration d’une feuille de route pour le Gouvernement - à court et moyen terme - sur la formation et l’exercice professionnel.


Zoom
 sur les propositions des audioprothésites

Grande conférence de la santé
Contribution du Syndicat national des audioprothésistes

1. Formation continue
En premier lieu, rappelons que la profession a, depuis sa création, organisé sa formation continue, dans un premier temps autour des Assises Nationales d’Audioprothèse, puis, depuis 1979, lors des journées de formation du Congrès de l’Unsaf qui se font partiellement sous l’égide du Collège National d’Audioprothèse.

Pour renforcer cette formation, le Collège National d'Audioprothèse a créé en 1996 son EPU qui se déroule chaque année en décembre sur 2 journées et qui permet à notre profession de suivre le rythme rapide des progrès en audioprothèse et en audiologie. Il est le principal relais pour l’amélioration des pratiques professionnelles de la profession et est massivement suivi. A titre d'exemple, le dernier EPU a eu lieu en décembre 2014 et a été suivi par 950 audioprothésistes sur un effectif national d'environ 3000 professionnels.

L’impact de cet EPU est poursuivi également dans les Cahiers de l’audition, publication de formation continue envoyée gratuitement par le Collège National d’Audioprothèse à tous les audioprothésistes en exercice, ainsi qu’à l’ensemble des formateurs, directeurs d’enseignement et étudiants en audioprothèse. Elle reprend dans ses numéros les différentes conférences traitées et est un objet permanent de formation aux nouvelles techniques.

Cette formation continue est, de l'avis de tous, la raison pour laquelle les enquêtes internationales montrent que la satisfaction des malentendants est maximale dans notre pays ; cf. les résultats 2015 de l'enquête internationale EuroTrak, dévoilés lors du 37ème Congrès des Audioprothésistes, qui s'est déroulé à Paris début avril 20151.

2. Formation initiale
Il nous semble également impératif de tenir compte, dès à présent, de la démographie des médecins ORL
puisque, selon l’Atlas national de la démographie médicale 2015 du Conseil National de l'Ordre des Médecins,
actuellement 30,4% des ORL en exercice ont plus de 60 ans et 66,7% ont plus de 50 ans2. Déjà aujourd’hui les
délais d'attente de rendez-vous en ORL augmentent (29 jours en moyenne en 2011, 36 jours en 2014)3 et des
difficultés d’accès aux médecins ORL sont constatées dans certaines régions (Champagne-Ardennes, Limousin,
Auvergne...).
Dans un contexte de vieillissement et d’accroissement de la population nécessitant des appareils auditifs (75%
de la dépense en audioprothèse est le fait des plus de 65 ans4, classe d’âge dont les effectifs vont évoluer de

10,44 millions de personnes en 2010 à 15,82 millions en 2030, selon le scénario central de l’Insee5), cette baisse de la démographie ORL provoquera, si elle n’est pas anticipée, un important « effet ciseaux ».

Le 28 mars, lors du Forum organisé par le Syndicat National des médecins spécialisés en ORL et CCF (SNORL), nous avons abordé avec le corps ORL la question du renouvellement des appareils auditifs chez l’adulte. En effet, dans certains pays Européens, l’Allemagne notamment, le renouvellement des appareils est possible périodiquement sans prescription médicale. La prescription ORL, indispensable pour prendre en charge les surdités relevant d’un traitement médical ou chirurgical, n’y est obligatoire que pour l'appareillage initial.

De plus, l'évolution générale des connaissances scientifiques et de la technologie, les études récentes démontrant que l’utilisation d’appareils auditifs évite le sur-déclin cognitif constaté chez les malentendants âgés6, rendent indispensables une extension des programmes d'enseignement.

Il doit être envisagé que la formation initiale des audioprothésistes soit portée de 3 à 5 ans afin d’atteindre le grade Master, dans le cadre d’une intégration universitaire. Nous demandons donc une réouverture urgente des travaux de réingénierie de la profession d’audioprothésiste.
Elle n'a pas de conséquences budgétaires notables puisque l'ensemble des audioprothésistes exerce en libéral.

3. Quelques thèmes à intégrer dans la formation initiale des
audioprothésistes
1. La forte baisse de la démographie ORL doit faire réfléchir à certaines délégations concernant le renouvellement prothétique et l’audiométrie clinique : formation sur l’audiométrie objective permettant une délégation de tâches pour le dépistage de la surdité et sa prise en charge, le repérage des troubles de
l’audition (aspect légal, pourquoi et comment pratiquer, conduite à tenir)…
2. L’intégration des technologies implantées dans l’activité de l’audioprothésiste : les limites des appareils
auditifs et l’indication des prothèses implantées. Comment accompagner le patient vers cette solution ? Les différents modèles d’implants, leurs indications, leurs réglages, la connectivité, les accessoires, la complémentarité appareil auditif / implant.
3. Prise en charge des acouphéniques : en 1967, la formation initiale ne faisait pas rentrer la prise en charge des acouphéniques dans les textes régissant notre profession car cette pathologie n’était pas traitée. Il s’avère que la majorité des acouphéniques sont aujourd’hui utilisateurs d’une technique exclusivement du ressort de l’audioprothésiste, ce qui devrait conduire à une remise à niveau de la formation initiale.
4. Intégration des audioprothésistes dans le cadre pluridisciplinaire des équipes et structures prenant en charge les personnes âgées, formation des aidants, délégation de tâches...
5. Prévention sur les risques de traumatismes sonores : risques et dommages physiologiques engendrés par le bruit, métrologie et mesures du bruit, moyens de prévention, protections individuelles …
6. Pratique basée sur les preuves : initiation à la recherche et à lecture d’études cliniques, articulation de l’action thérapeutique individuelle en rapport avec les données cliniques établies...
7. Prise en compte des pathologies liées au vieillissement cognitif et aux maladies neurodégénératives dans lesquelles l’audition est fortement impliquée.




4. Reconnaissance des diplômes Européens
Le décret du 26 mars 2010 instituant la régionalisation de cette procédure a entrainé des dysfonctionnements
aboutissant à des décisions contestables de reconnaissance de certains diplômes étrangers.

Nous avions, lors de la consultation sur le projet de décret, alerté les pouvoirs publics sur les difficultés posées par cette régionalisation, au vu de la faible démographie de notre profession et du faible nombre de demandes d’équivalence, rendant nécessaire une centralisation des commissions d’examens des diplômes Européens.

Nous ne pouvons compter en effet que sur quelques audioprothésistes disposant des connaissances suffisantes sur les formations, réglementations et compétences en vigueur dans les États de l’union européenne, qui leur permettent de siéger efficacement dans ces commissions.
Le Haut conseil des professions paramédicales avait d’ailleurs adopté à l’unanimité, lors de la séance du 10 mars 2010, une motion dans les termes suivants :
- compte-tenu de la nécessité pour les professionnels de bien connaître les programmes de formation dispensés dans les écoles au sein de l’Union européenne se rapportant à la profession considérée, ces derniers ne sont pas tenus de résider dans la région pour être désignés membres de la commission régionale
- lors de la désignation des professionnels concernés au titre de chaque commission régionale, le préfet de région compétent sollicitera des propositions auprès des organisations professionnelles représentées au sein du Haut conseil des professions paramédicales.

Nous demandons donc que la procédure de reconnaissance des diplômes d’audioprothésistes soit à nouveau organisée au niveau national ou, a minima, que les préfets de région soient tenus de retenir, dans la composition de leur commission régionale, les audioprothésistes désignés par les organisations professionnelles représentées au sein du Haut conseil des professions paramédicales.

Par ailleurs, on assiste à la création de formations privées en 2 ans, notamment en Espagne, spécifiquement destinées aux étudiants Français qui n’ont pas été reçus aux concours des 7 écoles Françaises.

Lors de leur retour en France, les directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) leur imposent des stages complémentaires afin d’égaler nos 3 ans de formation (incluant 36 semaines de stage dans un laboratoire d'audioprothèse dont l'audioprothésiste responsable possède l'agrément de maître de stage).

Il est indispensable que les stages imposés à ces titulaires de diplômes étrangers par les DRJSCS se déroulent également dans les mêmes laboratoires d'audioprothèse dont l'audioprothésiste responsable possède l'agrément de maître de stage et dont la liste est établie par le conseil de l'unité de formation et de recherche (UFR), comme le prévoit l’article D636-8 du Code de l'éducation.

5. Quotas à l’entrée de la formation d’audioprothésiste
L’arrêté du 15 juillet 20157 a fixé à 199, le nombre d'étudiants à admettre en première année, au titre de l'année 2015-2016.
Les données de la DREES8 montrent que, entre 2000 et 2010, le nombre de professionnels a augmenté de 100 par an en moyenne. Entre 2011 et 2014, l’augmentation a été de 156 par an en moyenne.
Le nombre fixé à 199 étudiants en 2015 apparaît donc comme proportionné aux besoins attendus ces prochaines années.


1 Cf. pages 29 à 33 du document "Résultats France de l'enquête EuroTrak 2015" :
http://www.unsaf.org/site/communiques-de-presse/communique-de-presse-france-presbyacousie-unsaf-exclusif-resultats-pour-lafrance-
de-l-enquete-eurotrak-2015-la-france-championne-de-la-satisfaction-des-patients-equipes.html
2 Cf. page 308.
http://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/atlas_national_de_la_demographie_medicale_2015.pdf
3 Observatoire jalma / IFOP 2014 sur l’accès aux soins, 18.11.2014
4 Note Unsaf « Des malentendants en grande majorité âgés » :
http://www.unsaf.org/doc/Unsaf-Depense_en_fonction_age_2-sept-2015.pdf
5 http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=projpop0550&page=irweb/projpop0550/synt/cad/cadrage.htm
6 Communiqué SNORL-UNSAF : « L’utilisation d’appareils auditifs évite le sur-déclin cognitif constaté chez les malentendants âgés » :http://www.unsaf.org/site/communiques-de-presse/communique-snorl-unsaf-l-utilisation-d-appareils-auditifs-evite-le-sur-declincognitif-constate-chez-les-malentendants-ages.html
7 Publié au Journal officiel le 19 août 2015 : http://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2015/7/15/MENS1516817A/jo/texte
8 Cf. note Unsaf « Démographie professionnelle : évolution du nombre d’audioprothésistes de 2000 à 2014 » :



Communiqué de presse — 8 février 2016
La FSPF demande la création d’un DES de pharmacie générale

En raison de l'harmonisation des cursus d'enseignement supérieur européens, le cursus universitaire français doit désormais s'organiser autour de trois niveaux de diplômes : la licence (3 ans), le master (5 ans) et le doctorat (8 ans). Dans le cadre de ce dispositif, dit L.M.D., le diplôme de pharmacien d’officine, obtenu actuellement au terme de six années d’études, doit donc évoluer.

Il serait incompréhensible pour les pharmaciens d’officine de voir le nombre d’années d’études se réduire à 5 ans.

La FSPF a demandé que lors de la Grande conférence de santé du 11 février, soit annoncé la création d’un DES (diplôme d’études spécialisées) de pharmacie générale permettant l’accès à la profession au terme de 8 années d’étude.

La dernière réforme des études de pharmacie date de 1984. En 30 ans, les besoins des étudiants comme le métier de pharmacien d’officine ont évolué. La nouvelle réforme des études de troisième cycle doit en tenir compte.

Les représentants de la profession et de l’enseignement supérieur s’organisent déjà pour proposer le programme de ces deux années supplémentaires avec, par exemple, l’organisation de stages ambulatoires pour les étudiants concernés, le renforcement du lien avec l’hôpital, ou l’amélioration de la présence des futurs internes dans les parcours des patients tant à l’hôpital qu’en ambulatoire.
Cette évolution des activités des pharmaciens d’officine permettra à la fois de renforcer la sécurité de la dispensation des médicaments, le développement de suivis personnalisés des patients, l’amélioration de l’observance, la lutte contre les effets iatrogènes des médicaments, la mise en place de la conciliation médicamenteuse entre la ville et l’hôpital, ainsi que la prise en charge thérapeutique des patients, comme c’est déjà le cas en Suisse, en Grande-Bretagne ou au Canada. De même, ce DES devrait accroître les compétences en sciences humaines et rapprocher plus encore les exercices des médecins et des pharmaciens dans l’intérêt des patients et de leur prise en charge optimale.

Avec la raréfaction de la ressource médicale, ces futurs pharmaciens seront armés pour répondre aux évolutions de leur rôle d’acteur de santé publique, dans le cadre d’un réseau de 23 000 pharmacies et de 55 000 pharmaciens répartis harmonieusement sur tout le territoire.

Rappelons que la pharmacie d’officine est le principal débouché professionnel des étudiants en pharmacie. Ce métier complet offre un lien direct avec les patients, une dimension scientifique qui s’est renforcée avec l’arrivée de médicaments de plus en plus innovants en ville ainsi que les responsabilités propres à tout chef d’entreprise.

Le DES de pharmacie générale est donc le vecteur nécessaire pour apporter de nouvelles compétences aux pharmaciens d’officine et rendre encore plus efficiente l’utilisation d’un réseau pharmaceutique structuré et reconnu par les patients.



CONTACT PRESSE : Philippe GAERTNER, Président - pgaertner@fspf.fr - Philippe DENRY, Président de la Commission Relations sociales et Formation professionnelle - pdenry@fspf.fr -


·          
GRANDE CONFÉRENCE DE LA SANTÉ
L’association Soins Coordonnés accompagne le progrès en santé

L’association Soins Coordonnés a participé à la Grande Conférence de la santé qui s’est tenue le 11 février 2016 au Conseil Economique, social et environnemental. A cette occasion, elle a pu présenter ses propositions pour un système de santé renouvelé.


L’association Soins Coordonnés a défendu 4 mesures phares :

1- Le développement de l’exercice pluriprofessionnel


Pour le maintien de l’accès tous à des soins de qualité sur tout le territoire, il apparaît indispensable de continuer à développer l’exercice pluriprofessionnel
Faciliter le regroupement des professionnels de santé de ville implique de simplifier et d’assouplir les organisations actuelles. Les professionnels ont besoin d’outils efficients au premier rang desquels le développement pluriprofessionnel continu : son financement doit être préservé.

2- L’ouverture du règlement arbitral au plus grand nombre

Pour appuyer la coordination entre les professionnels de santé de ville, l’association Soins Coordonnés préconise d’ouvrir le règlement arbitral au plus grand nombre, qu’il s’agisse de professionnels exerçant en maisons de santé comme à ceux exerçant sans organisation immobilière.

3- La mise en place d’une politique active en faveur des zones en désertification médicale

L’égalité de l’accès aux soins nécessite une politique pragmatique. Elle doit se structurer autour :
- de la création d’un fonds d’intervention,
-du développement significatif des stages des jeunes professionnels de santé dans ces zones,
- et de la mise en place du tiers payant de premier recours

4- Et enfin, la recertification comme garantie de bonnes pratiques professionnelles

La garantie de bonnes pratiques professionnelles au travers notamment de la recertification n’est autre qu’une exigence éthique au service des malades ; il est primordial de ne pas perdre de vue cette perspective.


En conclusion, la santé pour tous est financée par la solidarité et elle ne trouvera son équilibre que dans la participation de tous les acteurs concernés par son évolution: pouvoirs publics, élus locaux, patients, professionnels de santé et organismes d’assurance santé. La participation du plus grand nombre à l’ensemble des concertations et discussions constitue la condition nécessaire à la concrétisation de cette nouvelle politique.

L’ASSOCIATION SOINS COORDONNES
www.soinscoordonnes.fr

 INTERVENTION DE MARISOL TOURAINE

Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes
Ouverture de la Grande conférence de la Santé
Jeudi 11 février 2016
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président du Conseil économique social et environnemental (CESE),
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les représentants des professionnels de santé,
Mesdames et Messieurs les représentants des patients,
Mesdames et Messieurs les représentants des associations,
Mesdames et Messieurs les Directeurs et directeurs généraux,
Mesdames, Messieurs,


Si un mot, un seul mot, peut illustrer notre système de santé, c’est bien « l’excellence ». Cette excellence est évidemment thérapeutique, technologique, organisationnelle. Mais elle est aussi et avant tout humaine. Elle réside dans la magnifique relation qu’entretiennent les professionnels de santé avec leurs patients, dans leur capacité à entendre et à comprendre des inquiétudes, des attentes, des souffrances. L’excellence humaine, c’est aussi le caractère exceptionnel au quotidien de ces femmes, de ces hommes, qui ont choisi de consacrer leur vie à sauver celles des autres. L’engagement des professionnels de santé mobilisés dans la suite des attentats de janvier et novembre 2015 a été unanimement et mondialement salué. Mais derrière cela c’est bien l’héroïsme du quotidien qui a été reconnu. Parce que pour être exceptionnel dans des circonstances exceptionnelles, il faut être exceptionnel au quotidien.

Cette excellence, cette relation humaine, elles se déclinent en confiance. Dans toutes les enquêtes d’opinion, les Français disent leurs attentes à l’égard de notre système de santé, leur volonté qu’il demeure animé des valeurs de solidarité et d’accessibilité qui en font le rayonnement. Mais ils expriment massivement leur confiance dans l’excellence, le professionnalisme, l’engagement, de celles et ceux qui le font vivre. Depuis quelques années, ce sont les professionnels eux-mêmes qui expriment des craintes, des inquiétudes, sur l’avenir de leur métier. Elles sont évidemment légitimes. La société évolue, et avec elle la place et le rôle des médecins. Le rôle des pouvoirs publics, ma mission de Ministre de la Santé, c’est d’entendre ces doutes et de faire évoluer les conditions d’exercice et la formation des professionnels de santé pour y répondre.


C’est le sens de cette Grande conférence de la Santé : entendre les attentes, et y répondre, en s’appuyant sur l’engagement et les initiatives de chacun pour avancer ensemble.

I- Les défis auxquels fait face notre système de santé sont considérables.

Il est aujourd’hui à un tournant de son histoire, confronté à de multiples mutations.
Une mutation démographique, d’abord, avec le vieillissement de la population. Ce bouleversement accentue la prévalence des maladies chroniques, première cause de mortalité dans notre pays, également liées à notre environnement, à nos modes de vie, et aux progrès médicaux.
L’accroissement des maladies neuro-dégénératives et l’augmentation du nombre de personnes dépendantes imposent aussi de parvenir à une plus grande coopération entre professionnels pour prendre en charge des pathologies complexes.

Cette mutation, elle est ensuite organisationnelle, accélérée par une pression économique et budgétaire réelle. Contrôler l’augmentation de nos dépenses de santé est une nécessité, mais elle doit être saisie comme l’opportunité d’une réflexion sur la manière de faire évoluer notre système de santé pour plus d’efficacité.

Cette mutation, c’est aussi celle qui découle de l’accélération croissante des progrès scientifiques et technologiques. Les innovations dans tous les domaines, la révolution du numérique, transforment profondément les pratiques médicales et l’organisation des soins. Elles nous promettent une médecine personnalisée, une médecine à distance, une médecine s’appuyant sur l’interaction d’une multitude de professionnels et de compétences. Les professionnels eux-mêmes sont directement concernés, parce que tout le paysage sanitaire est amené à changer. Le renforcement de l’offre de soins extrahospitalière, un hôpital davantage tourné vers la ville, ce sont des missions nouvelles pour le premier recours.

Cette mutation, elle est liée enfin aux nouveaux comportements et aux nouvelles exigences d’information, de participation, de partage, que nos concitoyens portent à l’égard de leurs professionnels de santé.

Toutes ces mutations peuvent provoquer des inquiétudes, des craintes parfois, chez les professionnels. Elles portent en tout cas des attentes. Elles imposent de faire bouger les textes et les règles pour adapter notre système de santé à ces grandes évolutions. C’est le sens de la loi de modernisation de notre système de santé. En faisant de la prévention un pilier de notre politique de santé. En mettant en place de nouvelles organisations dans chacun de nos territoires, de nouvelles coopérations entre les libéraux et l’hôpital, et entre les établissements hospitaliers. En imposant aussi de mieux reconnaître les aspirations des patients à être davantage impliqués.


Mais ces bouleversements nous imposent aussi de réfléchir à l’évolution des formations et des conditions d’exercice. Bref, de penser les métiers de la santé de demain.

II- C’est cette ambition qui a conduit le Premier ministre à proposer cette Grande conférence de la santé.

Chacun est et sera concerné par ces bouleversements, le dialogue et la confrontation des points de vue étaient donc nécessaires. La transformation des conditions de formation et d’exercice ne peut se dessiner verticalement, elle doit être nourrie par l’expérience du terrain. Cette conférence, c’est votre conférence.

Les travaux ont été intenses, plus de 300 personnes y ont participé. Loin de la vision désenchantée entretenue par certains, c'est la vitalité et l’optimisme qui s’y sont exprimés.

Je veux rendre hommage aux animateurs de cette conférence, Anne-Marie BROCAS et Lionel COLLET, et aux membres du comité de pilotage, qui m'ont dit avoir été frappés – conquis, même - par l'enthousiasme des participants, qui se retrouve dans la richesse des 90 contributions institutionnelles déposées.
III- Les travaux issus de cette Grande conférence de la santé vont donner de nouvelles perspectives aux professionnels de santé et compléter les politiques engagées depuis 2012.
Il faut innover dans la formation d’abord. J’ai voulu que le numerus clausus soit fixé à partir de la densité des médecins, au plus près des territoires. Nous avons ciblé les 10 régions dont la densité médicale est la plus faible et déterminé, avec les doyens et les étudiants, une augmentation ciblée des formations répondant aux besoins et aux capacités. Il faut aller plus loin. Cette Grande conférence doit nous permettre de progresser vers une adaptation plus réaliste et plus pragmatique du numerus clausus.

Innover pour mieux former, c’est entendre les étudiants des formations paramédicales dire, comme beaucoup de représentants professionnels, leur envie de l'Université. Avec Thierry MANDON, nous voulons répondre à cette demande de conjuguer proximité et qualité des lieux de formation, de se professionnaliser tout en échangeant avec les étudiants d’autres spécialités pour se préparer à un exercice collectif. Les étudiants paramédicaux veulent des filières complètes de formation et de recherche, comme chez la plupart de nos voisins. Là aussi, cette journée doit nous permettre d’avancer.

Innover pour mieux former, enfin, c’est permettre aux étudiants ou aux médecins d’accéder à des stages extrahospitaliers. Création d’un forfait de transport, d’une indemnité pour les internes de médecine générale effectuant un stage de mise en autonomie supervisée, harmonisation des stages hospitaliers pour les externes, clarification du temps de travail des internes en sanctuarisant leur temps de formation universitaire : nous avons agi pour la qualité de la formation. Je souhaite que nous allions encore plus loin dans l’amélioration du caractère professionnalisant de la formation qui est, pour l’étudiant, le déterminant principal du choix de sa future spécialité et de son mode d’exercice.

Et nous devrons aussi revoir l’encadrement. Vous savez mon attachement à la filière universitaire de médecine générale, qui m’a amenée à sanctuariser, au sein du DPC, la formation des maîtres de stage, en la maintenant hors quota. L’enjeu, c’est de faire en sorte que les médecins n’aient pas à choisir entre se former à encadrer leurs jeunes confrères et s’engager dans d’autres formations. La loi de financement de la sécurité sociale pour 2016 a intégré le financement de 40 nouveaux postes de chefs de clinique. Il nous faut poursuivre, et je souhaite que les débats d’aujourd’hui nous permettent là aussi d’avancer pour pleinement valoriser la filière universitaire de médecine générale.

Nous voulons mieux former, mais aussi améliorer les conditions d’exercice des professionnels. C’est l’un des axes majeurs de cette Grande conférence. Le Pacte Territoire-Santé que j’ai présenté dès 2012 et qui s’est enrichi fin 2015, a engagé des mesures importantes pour inciter les jeunes professionnels à exercer dans les territoires sous-dotés. Nos discussions aujourd’hui doivent permettre d’amplifier cette dynamique et d’innover pour améliorer les conditions d’exercice sur l’ensemble du territoire. Je pense en particulier à la protection sociale des médecins.

Médecins, paramédicaux, salariés, libéraux, hospitaliers, nombreux sont ceux qui me le disent : vous voulez rompre avec la seule perspective de carrières linéaires. C’est en ce sens que nous avons reconnu les missions d’enseignement et de recherche des praticiens hospitaliers dans le plan pour l’attractivité de l’exercice médical à l’hôpital. Les nombreuses contributions élaborées dans le cadre de cette Grande conférence montrent la richesse des idées en la matière. Elles seront au coeur de vos débats aujourd’hui et alimenteront la feuille de route que le Premier ministre dessinera en fin de journée.

Mesdames, Messieurs,
Les travaux préparatoires de cette Grande conférence de la santé ont été riches, chacun a pu faire valoir ses opinions, ses attentes, ses espoirs. Les différentes tables rondes de cette journée permettront de restituer ces travaux et de les formaliser grâce à vos échanges. Ils donneront lieu à une feuille de route qui vous sera présentée tout à l’heure par le Premier ministre et qui nous permettra de suivre, ensemble, la bonne application des décisions prises.
Je souhaite que la dynamique engagée se poursuive dans les mois à venir, pour que nos décisions se mettent très rapidement et très concrètement en oeuvre. Pour que le système de santé de demain, que nous dessinons ensemble, garantisse à nos concitoyens l’excellence médicale qui fait la fierté et le rayonnement de notre pays.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire