samedi 22 mars 2014

Conférence de presse de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits



Propos introductifs :

Bangui, le 20 mars 2014
(TRADUCTION NON OFFICIELLE)


Bonjour, et merci à tous d’être présents.

Je dois dire, avec tristesse, que la situation en République
centrafricaine est complètement différente de celle qui prévalait lors de
ma dernière visite dans ce pays en février 2010. Je ne voudrais pas tenter
de parcourir tous les graves problèmes de droits de l’homme auxquels la
RCA est confrontée. Je me concentrerai plutôt sur quelques éléments qui
ont émergé durant mes deux jours de discussions ici, à Bangui, avec, entre
autres personnalités, la Cheffe d’Etat de la Transition, le Premier
Ministre, la Ministre de la Justice, les organisations de la société
civile et les agences humanitaires qui sont en nombre important et
essayent de répondre à  situation d’urgence complexe qui affecte une bonne
partie du pays. J’ai également rencontré un certain nombre de diplomates,
et le Chef de la Mission de maintien de la paix de l’Union africaine
(MISCA), ainsi que les Commandants de la MISCA et de la Force militaire
française, connue sous le nom de Sangaris.

La situation en République Centrafricaine est extrême. Bien que les
tueries à grande échelle qui ont eu lieu en décembre et janvier paraissent
être arrêtées pour le moment, principalement en raison de la présence des
Forces de la MISCA et de Sangaris dans des zones  chaudes, des personnes
continuent d’être tuées quotidiennement, spécialement par des groupes
anti-Balaka. Environ 15.000 musulmans se trouvent piégés à Bangui et dans
d’autres endroits du pays au Nord, au Nord-Ouest et au Sud, protégés par
les forces internationales,  néanmoins dans des situations extrêmement
dangereuses et insoutenables.

Comme mise en évidence par la nature extraordinairement vicieuse des
tueries, la haine entre communautés demeure à un niveau terrifiant. C’est
devenu un pays où des personnes sont non seulement tuées, mais aussi
torturées, mutilées, brûlées et démembrées – parfois par des groupes
mobilisés de manière spontanée, tout comme par des groupes organisés de
combattants armés. Des enfants ont été décapités, et nous sommes au
courant d’au moins quatre cas où les tueurs ont mangé la chair de leurs
victimes. Hier, l’une des organisations de la société civile qui tentent
courageusement de documenter ces violations m’a montré des photographies
horribles d’un de ces cas.

Selon les organisations de la société civile et les agences des Nations
Unies, les viols et violences sexuelles ont augmenté, spécialement dans
les camps des personnes déplacées. Deux districts dans la capitale – PK 5
et PK 12 – demeurent des zones non-accessibles, avec des populations
musulmanes piégées. D’autres musulmans qui vivaient auparavant à Bangui se
sont virtuellement tous enfuis, tout comme les habitants de plusieurs
villes et villages – dont beaucoup ont été partiellement ou entièrement
détruits – dans la moitié ouest du pays. Il reste  aussi des dizaines de
milliers de musulmans  déplacés à l’intérieur du pays, principalement
victimes des Séléka. Les anti-Balaka, dont la création est  au départ liée
à la réaction contre les exactions des Séléka, se métamorphosent désormais
en gangs criminels qui ont également commencé à s’attaquer aux  chrétiens
et autres non-musulmans.

La MISCA, Sangaris et les agences humanitaires sont confrontés à d’énormes
problèmes, ainsi qu’au terrible dilemme tel que choisir entre aider
involontairement au «  départ  » des populations musulmanes piégées, ou
alors les laisser – contre leur volonté – dans des lieux où il’ y a un
réel danger de les voir exécutés en masse.

L’économie s’est effondrée, le système sanitaire est virtuellement
inexistant dans plusieurs endroits, de même que l’éducation. Comme le
Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial  l’a souligné ici,
hier, le pays fait également face  à  une crise alimentaire, avec une
sécurité alimentaire menacée par le manque de fonds,  les difficultés
d’accès, ainsi qu’une longue saison de pluie qui va commencer juste dans
quelques semaines.

Les hauts-fonctionnaires membres du Gouvernement de la Transition ont été
extrêmement francs et ouverts à propos la tâche gigantesque à laquelle ils
doivent faire face. Les autorités  de l’Etat m’ont fait comprendre, qu’en
réalité, il n’existait pas d’Etat. Il n’y a pas d’armée nationale
cohérente, ni de police, ni de système judiciaire, pratiquement pas de
lieux  de détention des criminels, ni de moyens pour  les juger, les
poursuivre  ou les  condamner. La  « chaîne pénale » non seulement manque
de maillons, mais elle ne fonctionne pas du tout.

La seule grande prison du pays, ré-ouverte récemment à Bangui, a déjà été
confrontée à deux incidents très sérieux : une première fois, un groupe
mobilisé spontanément est entré dans la prison et a lynché 4 détenus
musulmans. Après, il y a deux semaines, neuf détenus se sont enfuis, avec
la complicité de ceux chargés de leur garde. Ailleurs, des  personnes
arrêtées avec du sang sur des machettes et sur une bonne partie de leurs
mains, ont été relâchées, parce qu0il n’y avait pas de lieux de détention,
ni de moyens pour les inculper des crimes qu’ils avaient clairement
commis.

Il était hautement symbolique de constater, lors de ma réunion avec la
ministre de la justice, qu’il n’y avait pas d’électricité. Bien que la
lumière soit revenue, elle a décrit le manque d’ordinateurs pour conserver
les données sur les arrestations, sur les menaces contre les magistrats du
parquet, et au moins un magistrat a été assassiné. Il existe, en
conséquence, une totale impunité, pas de justice, pas de loi, ni d’ordre,
à l’exception de la protection fournie par les troupes étrangères. Nous
avons discuté de la possibilité de faire venir quelques juges et
magistrats étrangers pour aider leurs collègues nationaux à redémarrer la
justice.

Toutes les personnes que j’ai rencontrées ont  mis l’accent sur le besoin
urgent de restaurer la loi et l’ordre, en particulier à travers le
déploiement des policiers et des gendarmes formés. Toutefois, avec très
peu de ressources disponibles pour payer les salaires, il semble que très
peu a été fait dans le sens d’un programme sérieux pour que cela soit
fait, et ce, rapidement.

Au cours des neuf derniers mois, j’ai déployé trois équipes d’observation
des droits de l’homme en RCA pour documenter les violations des droits de
l’homme qui y ont eu lieu, et les carences existantes, et je suis en train
d’aider au renforcement des capacités de la Section des droits de l’homme
du BINUCA, et d’apporter un appui à la Commission d’enquête sur la RCA qui
a été établie par le Conseil de sécurité en décembre et est actuellement
opérationnel sur le terrain. J’ai demandé avec insistance à mes
interlocuteurs d’apporter leur appui à cet important mécanisme, qui jouera
un rôle-clé dans l’établissement des responsabilités pour les pires
violations qui ont été perpétrées depuis le début de la crise.

Le rapport le plus récent de mon équipe d’observation, soumis hier après
une visite à Bambari, à 350 km au nord-est de Bangui, met en lumière
quelques bonnes nouvelles : la soi-disant « exception  de Bambari ». Après
les tueries massives du 5 décembre à Bangui, qui se sont répandues
rapidement à d’autres zones, les leaders religieux chrétiens et musulmans
de Bambari ont fait des efforts communs pour prévenir les divisions se
développant au sein des populations mélangées de la ville, y compris en
lançant des messages de tolérance sur la radio locale. De plus, l’actuel
chef militaire de la ville a  procédé au retrait de toutes les armes et a
pris une série de mesures pour rassurer les deux communautés, et a chassé
les plus radicaux des éléments de la Séléka qui ont tenté de pénétrer dans
la ville.

Toutefois, la situation là-bas demeure très fragile et les villes et
villages voisins vont moins bien.

Des signes plus positifs incluent les discussions dans l’après-midi d’hier
au Parlement de Transition, durant lesquelles quelques députés, dans leur
interaction avec la ministre de la justice, ont mis un accent sur
l’importance des droits de l’homme et ont développé le contenu de certains
de ces droits, dont le droit de toute personne à la vie. Ce débat
important et profond  était retransmis sur la plus grande station de radio
du pays.

Je crois qu’il y a besoin de plus d’efforts visibles de la part des
acteurs politiques pour enraciner le message que les violations des droits
de l’homme et les crimes rampants ne seront plus tolérés; que tous les
secteurs de la société, y compris les minorités, ont des droits égaux; et
que la réconciliation est vitale pour tout le monde si le pays veut se
reconstruire. A cet égard, j’étais contente d’apprendre de la part du
Premier ministre que le Gouvernement de Transition a mis en place une
commission de réconciliation et une commission permanente de dialogue.

Il s’est aussi engagé à accélérer la mise en place d’une commission
nationale des droits de l’homme. Les commissions nationales des droits de
l’homme sont des institutions indépendantes importantes avec des pouvoirs
spécifiques, régies par un ensemble de normes internationales, connues
sous le nom de Principes de Paris, et j’ai offert les services de mon
Bureau pour aider le Gouvernement à s’assurer que cette commission soit
d’un standard élevé dès le début.

Mais des institutions spécifiques comme celle-ci vont avoir des
difficultés de fonctionner, à moins que la loi et l’ordre, ainsi que le
système judiciaire soient rétablies, que les populations déplacées soient
aptes à retourner rapidement et à reconstruire leurs maisons et leurs vies
en toute confiance, et qu’elles bénéficient d’une protection adéquate de
l’Etat. Il n’y aura pas de solution avant que ces conditions ne soient
remplies.


La République centrafricaine est en train de payer un lourd tribut dû à 50
ans de mauvaise gouvernance. Avec un sol fertile et de précieuses
ressources minérales, elle devrait être riche. Mais au contraire, et même
avant le présent désastre, c’était l’un des pays les plus pauvres au
monde. Un pays qui, malgré ses multiples rivières et une longue saison
pluvieuse, se devait encore d’acheter de l’eau potable chez ses voisins.

Au centre de cette catastrophe, il y a une unique opportunité à ne pas
manquer. Le Gouvernement de Transition doit non seulement agir de façon
décisive pour s’assurer que les fondations d’un Etat nouveau et robuste
sont en place, mais aussi agir pour s’assurer que l’ordre ancien d’une
gouvernance corrompue n’émerge à nouveau. Il ne devrait pas dépendre
entièrement de la communauté internationale pour combler les vides parce
que si c’est le cas, il n’y aura jamais un redressement complet.

Cela dit, je suis profondément préoccupée par la réponse lente de la
communauté internationale. L’effort pour l’aide humanitaire est
déplorablement sous-financé, avec seulement 20 pour cent des contributions
attendues jusqu’à ce jour. Les organisations des droits de l’homme n’ont
même pas les moyens de transport pour aller à l’intérieur pour savoir ce
qui s’y passe. J’exhorte les Etats à répondre rapidement à l’appel du
Secrétaire général de mettre sur pied une force de maintien de la paix
complète, équipée de 10.000 casques bleus internationaux et de 2.000
policiers. Durant mes rencontres avec la MISCA et la Force Sangaris, j’ai
souligné le besoin pour les forces de maintien de la paix actuelles et
futures de se conformer aux droits de l’homme, ce qui implique une
formation approfondie et leur suivi par les commandants et les Etats
contribuant au maintien de la paix.

En somme, bien que la RCA ait reçu une attention internationale, celle-ci
est loin d’être de même mesure que les besoins, et cela contraste avec
d’autres situations où les interventions internationales se sont largement
révélées une réussite. La création, à partir de rien, d’un système
judiciaire efficace, de même que des prisons et forces de police et autres
institutions clés est une entreprise énorme et complexe qui ne peut être
faite au rabais. La communauté internationale semble avoir oublié les
leçons apprises en Bosnie Herzégovine, au Rwanda, au Kosovo, et au Timor
oriental, pour ne citer que quelques-unes.

Les organisations de la société civile m’ont informée qu’elles avaient
tiré sur la sonnette d’alarme longtemps avant que la crise ne se
transforme en une calamité, cependant personne ne les a écoutées. Malgré
quelques améliorations sur le plan sécuritaire, l’alarme continue à
sonner. A défaut de soutenir ce pays, nous risquons des décennies
d’instabilité et la création d’un nouveau et fertile terreau de
l’extrémisme religieux non seulement en RCA, mais dans la région.
Je ne peux m'empêcher de penser que si la RCA n'était pas un pays pauvre
caché au cœur de l'Afrique, des évènements terribles qui ont eu lieu- et
continuent à avoir lieu- auraient stimulé une réaction beaucoup plus forte
et plus dynamique de la part du monde extérieur. Combien d'enfants doivent
encore être décapités, combien de femmes et de filles seront encore
violées, combien d’actes de cannibalisme devraient-ils y avoir encore,
avant que nous ne nous décidions à nous lever et  à accorder une plus
grande  attention à ce pays?
Je vous remercie.
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Opening remarks by UN High Commissioner for Human Rights Navi Pillay at a
press conference during her mission to the Central African Republic

Bangui, 20 March 2014

Sadly, the situation in the Central African Republic is very different
from when I last visited the country in February 2010. I will not attempt
to run through all the very grave human rights problems facing CAR.
Instead, I will focus on a few of the key issues that have emerged during
my two days of discussions here in Bangui with, among others, the Head of
State of the Transition, the Prime Minister, Minister of Justice, civil
society organizations, and the humanitarian agencies who are here in force
trying to deal with the complex emergency afflicting much of the country.
I also met with a number of diplomats, and with the Head of the African
Union peacekeeping force MISCA, as well as the force commanders of both
MISCA and the French military force, known as Sangaris.

The situation in the Central African Republic is dire. Although
large-scale killings of the type that took place in December and January
appear to have halted for the time being, primarily because of the
presence of the MISCA and Sangaris in known hot spots, people continue to
be killed on a daily basis, especially by the anti-Balaka groups. Around
15,000 Muslims are reportedly trapped in Bangui and other areas in the
North, North-West and South of the country, protected by international
forces, but nevertheless in an extremely dangerous and untenable
situation.

The inter-communal hatred remains at a terrifying level, as evidenced by
the extraordinarily vicious nature of the killings. This has become a
country where people are not just killed, they are tortured, mutilated,
burned and dismembered – sometimes by spontaneous mobs as well as by
organized groups of armed fighters. Children have been decapitated, and we
know of at least four cases where the killers have eaten the flesh of
their victims. I was shown gruesome photographs of one of those cases
yesterday by one of the civil society organizations that have been
courageously attempting to document violations.

According to both civil society organizations and UN agencies, rape and
sexual violence is on the increase, especially in the camps for the
internally displaced. Two districts of the capital – PK 5 and PK 12 –
remain no-go zones, with trapped Muslim populations. The other Muslims who
used to live in Bangui have virtually all fled, as have the inhabitants of
many other towns and villages – many of them partially or totally
destroyed -- across the western half of the country. There remain many
tens of thousands of non-Muslim IDPs as well, mostly victims of the
Seleka. The anti-Balaka, who originally came into existence as a reaction
to the depredations of the Seleka, are now metamorphosing into criminal
gangs, who in addition to continuing to hunt down Muslims are also
starting to prey on Christians and other non-Muslims.

MISCA, the Sangaris and the humanitarian agencies are grappling with
enormous problems, as well as with terrible dilemmas such as choosing
between unwillingly aiding the “cleansing” of trapped Muslim populations,
or leaving them – against their will – in places where they are in real
danger of being slaughtered en masse.

The economy has collapsed, health care is virtually non-existent in many
areas, as is education. As the Executive Director of the World Food
Programme Ertharin Cousin pointed out here just yesterday, there is also a
food crisis, with food security threatened by lack of funding,
difficulties of access and a long rainy season likely to start in just a
few weeks time.

The senior members of the transitional Government were extremely frank and
open about the gargantuan task they face. The State’s top leadership told
me there is, in effect, no State: no coherent national army, no police, no
justice system, hardly anywhere to detain criminals and no means of
charging, prosecuting or convicting them. The so-called ‘penal chain’ is
not only missing links, it is not functioning at all.

The country’s only major prison, re-opened recently here in Bangui, has
already experienced two very serious incidents: on one occasion, a mob
burst in and lynched four Muslim prisoners. Then, two weeks ago, nine
prisoners escaped – allegedly with the collusion of some of those charged
with guarding them. Elsewhere, people apprehended with blood on their
machetes and severed body parts in their hands, have been allowed to go
free, because there is nowhere to detain them, and no means to charge them
with the crimes they have clearly committed.

It was highly symbolic that, during my meeting with the Minister of
Justice yesterday, there was no power. Although the lights eventually came
back on, she described how she doesn’t even have computers to record data
concerning arrests, how prosecutors are threatened and at least one
magistrate has been assassinated. There is, as a result, almost total
impunity, no justice, no law and order apart from that provided by foreign
troops. We discussed the possibility of bringing in some foreign judges
and magistrates to help their local counterparts kick-start the justice
system.

Everyone I have met has focused on the urgent need to restore law and
order – particularly through deployment of trained police and gendarmes.
However, with so few resources available even to pay their salaries, there
seems to be little in the way of serious planning to ensure this not only
happens, but happens quickly.

Over the past nine months, I have sent three different monitoring teams to
CAR to document the human rights violations that have been taking place,
and deficits that exist, and I am currently helping to reinforce the
capacity of the human rights component in BINUCA, as well as providing
support to the Commission of Inquiry on CAR which was set up by the
Security Council in December and is now on the ground and operational. I
have urged all my interlocutors to do their utmost to assist this very
important body, which will play a key role in establishing accountability
for the worst violations that have occurred since the beginning of the
current crisis.

My monitoring team’s most recent report, filed yesterday after a visit to
Bambari, 350 kilometres north-east of Bangui, highlights some rare good
news: the so called ‘Bambari exception.’ After the 5 December mass
killings in Bangui, which then spread rapidly to other areas, Muslim and
Christian religious leaders in Bambari made strenuous joint efforts to
prevent divisions emerging among the town’s mixed population, including by
broadcasting messages of tolerance on the local radio station. In addition
the town’s current military leader has removed most weapons and taken a
series of measures to reassure both communities, and has also repelled
more radical ex-Seleka elements who tried to enter Bambari. Nevertheless
the situation there remains very fragile and nearby towns and villages
have fared less well.

More positive signs include yesterday afternoon’s discussions in the
Transitional Parliament, during which some MPs, in their interaction with
the Minister of Justice placed a strong focus on the need for human
rights, and spelled out precisely what some of those key rights are,
including everyone’s right to life. This important and lengthy debate was
broadcast live on the country’s main radio station.

I believe there needs to be many more such highly visible efforts by
national and local politicians and officials to ram home the message that
human rights violations and rampant crime will no longer be tolerated;
that all sectors of society, including minorities, have equal rights; and
that reconciliation is vital for everyone if the country is to recover. In
that regard, I was glad to learn from the Prime Minister that the
Transitional Government is setting up both a Reconciliation Commission and
a Permanent Commission on Dialogue.

He also committed to expediting the establishment of a National Human
Rights Commission. National Human Rights Commissions are important
independent bodies with specific powers, governed by an international set
of standards, known as the Paris Principles, and I offered the services of
my Office to help the Government ensure it is of a high standard from the
outset.

But specific institutions such as these will find it very difficult to
operate unless law and order and the justice system are restored, and
displaced populations are able to swiftly return and rebuild their houses
and their lives in full confidence that they will be properly protected by
the State. There will be no political solution until these conditions are
fulfilled.

The Central African Republic is paying a very heavy price for 50 years of
extraordinarily bad governance. With fertile soil and valuable mineral
resources, it should be rich. Instead, even before the current disaster,
it was one of the poorest countries in the world. A country that, despite
many rivers, and a lengthy rainy season, is still having to buy drinking
water from its neighbours.

Amid the current catastrophe, there is a golden opportunity that must not
be squandered. The Transitional Government must not only act decisively to
ensure that the foundations of a new and healthier State are put in place,
it must also act to ensure that the old order of corrupt governance does
not re-emerge. It should not depend entirely on the international
community to fill all the vacuums, because if it does there will never be
a full recovery.

That said, I am deeply concerned by the slow response of the international
community. The vital humanitarian aid effort is deplorably underfunded,
with only 20 percent of requirements met so far. Human rights NGOs do not
even have means of transport to travel to the countryside to find out what
is going on. I urge States to respond quickly to the Secretary-General’s
appeal for a fully equipped force of 10,000 international peace-keepers
and 2,000 police.  In my meetings with MISCA and the Sangaris I have
stressed the need for both current and future peace-keeping forces to
abide by human rights, which will entail careful training and monitoring
by commanders and contributing States.

In short, although CAR has received international attention, that
attention is far from commensurate with the needs, and pales by comparison
with other situations where international interventions have proved
largely successful. Creating an effective justice system, prisons, police
forces and other key State institutions, virtually from scratch, is a
massive and complex enterprise that cannot be done on the cheap. The
international community seems to have forgotten some of the lessons it
learned in Bosnia and Herzegovina, Rwanda, Kosovo and East Timor – to
mention just a few.

Civil society organizations told me they rang the alarm bells long before
the crisis turned into a calamity, but nobody listened. Despite some
improvements on the security front, the alarm bells are still ringing. If
we get it wrong again, by failing to support this country whole-heartedly
in its time of need, we risk decades of instability and the creation of a
new and fertile breeding ground for religious extremism, not just in CAR
but in the wider region.

I cannot help thinking that if the Central African Republic were not a
poor country hidden away in the heart of Africa, the terrible events that
have taken place – and continue to take place –would have stimulated a far
stronger and more dynamic reaction by the outside world. How many more
children have to be decapitated, how many more women and girls will be
raped, how many more acts of cannibalism must there be, before we really
sit up and pay attention?

Thank you.



                   
Unite de l’information publique
                    Porte-parole et chef de l’unité de l’information
publique : Uwolowulakana IKAVI,
                          Tel : +236 75495383 E-mail : ikavi@un.org

                    Site web  : http://www.binuca.unmissions.org
Twitter:@AngeAboa

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