mardi 15 janvier 2013

LIBRES PROPOS : Jacques DRAUSSIN


Lorsque l’enfant paraît

 

Entre les effets secondaires des pilules destinées à préserver les femmes  des grossesses non-désirées et les effets collatéraux des happenings de rue censés préserver la société des grossesses préfabriquées, la parentalité aura décidément été au cœur de l'actualité sanitaire et sociale de la semaine.

La contraception accoucherait donc de progestatifs dégénérés à l'insu de notre plein gré, alors que le mariage « pour tous », sonnerait le tocsin d'une cellule familiale façonnée tout à la fois par les siècles, les saintes Ecritures et l'ami Ricoré.

Une femme, un homme, des enfants. Les disciples de Frigide Barjot – égérie des boites de nuit germanopratines et des sacristies intégristes – ont bien tort de se faire peur car il est probable que le modèle de base ait encore un peu d'avenir.

A force de jurer leurs Grands Dieux qu'ils ne sont pas homophobes, les opposants au mariage gay [l'expression « mariage pour tous » est une escroquerie de cul béni] auront d'ailleurs fini par en légitimer le principe.

D'accord pour reconnaître l'union de 2 hommes ou de 2 femmes. D'accord pour leur accorder les mêmes droits en matière d'impôts, de succession ou de réversion des retraites. D'accord  sur tout, sauf sur la définition de la famille. On voudrait tant la garder dans son cocon d'éternité que ceux-là mêmes qui se prétendaient presque  « gay-friendly » samedi ont entonné dimanche des chants d'intolérance terribles parce qu'égrenés avec la sérénité doucereuse d'une bonne conscience dégoulinante.

Qu'on l'accepte ou non, la famille a changé. Inutile de s'appesantir sur la litanie des chiffres : en 2012, on aura compté davantage de naissances hors mariage qu'au sein des couples civilement unis. 2,8 millions d'enfants vivent dans une famille monoparentale et 1,6 million dans une famille recomposée, plusieurs dizaines de milliers déjà dans une famille homoparentale.

Cette vérité là est plus probante et incontestable que celle du nombre de manifestants arrivés sur le Champ de Mars le 13 janvier.

L'adoption ouverte aux couples homosexuels bouleversera-t-elle le schéma traditionnel de la famille ? En ce début d'année 2013, 28.000 foyers  - bien hétéro comme il faut – sont en demande d'adoption… qui ne peut être satisfaite, faute d'enfants adoptables ici comme ailleurs. Un afflux, même massif, de dossiers déposés par des couples homosexuels ne changerait pas grand-chose  au problème.

Reste la délicate question de la Procréation Médicalement Assistée – heureusement retirée du projet de loi sur le mariage – qui devrait logiquement être débattue, non pas dans le cadre d'un texte à venir sur la famille, mais dans celui d'une réforme de la loi de bioéthique.

C'est cette loi qui fixe la règle de la PMA. 2 conditions impératives sont nécessaires [outre celle de vivre en couple déclaré depuis au moins 2 ans]. La première condition est « une infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué ». La seconde est le risque de « transmission à l'enfant ou à un membre du couple, d'une pathologie grave ».

Inutile de préciser que l'homosexualité en tant que telle ne peut être invoquée pour en justifier le recours… sauf à être considérée comme une cause d'infertilité définitive ou une maladie transmissible !

Pour obtenir gain de cause, Frigide Barjot et ses ouailles devraient donc se contenter d'une bataille juridique si elles voulaient espérer obtenir gain de cause sur le chapitre de la filiation.

La démarche s'avère évidemment moins télégénique mais, curieusement, c'est sans doute du côté de la bioéthique qu'elles trouveraient les appuis qui leur manquent en dehors de la morale confessionnelle.

Jacques DRAUSSIN

 

 

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